Le retour vers le futur d’Adrien Gygax

Vingt-cinq chapitres pour une novella. Une poésie de la fin. Un conte en forme de bilan. Une musique littéraire d’optimisme sur le sens de la vie. Enfin, ce qui pourrait aider à en deviner l’idée. Si tant est que la vie ait un sens. Cet éternel recommencement qui semble ne déboucher sur rien. Tant les Hommes demeurent cruels. Monstrueux. On aurait cru que la Shoah fermait un chapitre. Rien du tout. Tout continue comme avant, l’idéologie du dominant. La négation de l’Autre. La différenciation en prétexte… Comment vivre pleinement dans ces conditions ? En oubliant le monde dans lequel on est. Mais pour cela, mis à part dans les dernières années…
Justement, c’est le thème de ce court roman. Un journal laissé par un tiers dans un EHPAD. Ce bloc de béton dans lequel il sait qu’il va mourir. Mais pas une raison pour baisser les bras. Ni s’apitoyer sur son sort. Bien au contraire !

D’avril à décembre 2019, notre mystérieux narrateur va noter ses impressions, ses dernières pensées. Ses conclusions. Il n’est pas dupe mais il est aussi très lucide. Il sait qu’il faut un jour l’autre lâcher prise. Et finalement, le plus tôt sera le mieux si l’on ne veut pas devenir fou. Voilà donc une sorte de testament qui pourrait se lire aussi comme un guide. Et nous inciter à mettre en application ces fameux conseils tout de suite. Ne pas attendre d’être en fin de vie pour dire merde au système. Refuser le diktat du consumérisme. Profiter chaque jour du meilleur. S’émerveiller pour un coucher de soleil. Accepter le bonheur et se relever des cruautés qui nous barrent souvent le chemin…
Offrir plutôt que d’accaparer tout et rien pour que ça moisisse dans des tiroirs. Tirer la substantifique moelle de la vie. Tisser des relations… s’absenter de l’actualité à laquelle on ne peut rien.
Donc éviter de s’angoisser pour s’angoisser… Mais plutôt jouir de chaque instant !

Voilà un précieux petit livre à garder sur soi. Sorte de Carpe diem à relire au hasard d’une ouverture en attendant le métro.

 

Annabelle Hautecontre

 

Adrien Gygax, Se réjouir de la fin, Grasset, février 2020, 100 p.-, 13,50 €
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