Vanessa Schneider : un devoir de mémoire

Sans enquête – elle n'en avait pas besoin – Vanessa Schneider fait renaître sa troublante cousine qui, mineure, tourna  le film de Bertolucci (Dernier Tango à Paris). Le metteur en scène ne la ménagea pas – et c'est un euphémisme – avant qu'il ne s'excuse. Mais elle n'était plus là pour l'entendre...

L'auteure lui rend justice – parfois avec colère. Le regard porté à celle qui est encore une gamine est attachant voire bien plus. La jeune actrice était forcément trop docile face à Brando qui – en star d'Hollywood – jouissait de sa domination lorsqu'il prit le pouvoir sur la jeune fille avec l'aval du metteur en scène.

Bertolucci ne se soucie que de Brando et de la lumière orange qu'il veut donner à son film. "La" Schneider passe à la trappe dans une violence paroxysmique. Et l'auteure met en évidence toutes les ambiguïtés d'une époque dite libératrice.
Car sur le plateau il n'y a qu'une double peine et humiliation pour Maria : sois belle et tais toi. L'actrice s'en trouvera vilipendée à vie.

Le livre pose aussi  la question de la légitimité de celle qui "réimage" une cousine qu'elle a si bien connu et à laquelle un tel roman assume le réalité par la fiction. Il permet de faire comprendre ce que l'auteure a appris de son modèle en ce qui tient aussi d'une saga familiale.

Ici, et écrit à la deuxième personne, tout est roman et rien n'est roman. La présence de Maria Schneider est là. L'auteure travaille sur son retour pour une image plus juste à travers tout ce qu'elle sait d'elle en ce roman vrai. Et ce pour que son héroïne repose en paix loin des idées toutes faites et pour lutter contre l'oubli.

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Vanessa Schneider, Tu t'appelais Maria Schneider, Grasset, août 2018, 260 p.-, 19 euros

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