Tolkien : Le dictionnaire français incontournable !

« Les éditions du CNRS publient un dictionnaire Tolkien ».

 

Voilà une phrase simple, affirmative, déclarative qui, étonnamment, soulève de nombreuses interrogations : Un dictionnaire aux Editions du CNRS ? Un dictionnaire sur ou de Tolkien ? Un dictionnaire Tolkien, kezako ? Qu’est-ce que publier ?...

 

Si nous renverrons la dernière question à certains débats dignes de la chronique alimentant les salons littéraires (et non uniquement Le Salon littéraire), les précédentes intéresseront notre noble espace d’échange : il nous est impossible de laisser de côté un tel dictionnaire !


En effet, Tolkien est peut-être l’un des auteurs majeurs du XXe siècle. Ceux qui le contesteront, (pseudo)arguments littéraires à la main, n’auront qu’à retourner vers sa bibliographie – tant celle d’écrivain que celle d’universitaire – pour se convaincre du contraire. Plusieurs spécialistes vous conseillerons les versions anglaises de son travail, affirmant qu’il est impossible de saisir toute la beauté de son écriture sans se tourner vers sa langue natale. Nous ne sommes pas de cet avis et défendons âprement les textes français ! Ils offrent un regard particulier sur le travail du Seigneur des mythes. La langue de Molière s’associe à celle de Shakespeare et nous devons avoir confiance dans nos traducteurs et leur talent. De Francis Ledoux à Daniel Lauzon, ils ont été nombreux à travailler sur les ouvrages de Tolkien pour nous les rendre accessibles. Cela supervisé depuis une quinzaine d’année par Vincent Ferré, universitaire français notamment spécialiste de cet auteur.

 

En 2008, celui-ci a donc lancé, avec le soutien d’une cinquantaine de personnes et des éditions du CNRS, un travail visant à créer un dictionnaire Tolkien. Pour faire simple, un ouvrage dont l’objectif est d’éclairer de manière exhaustive l’homme et son œuvre. Les mots, bien rangés comme dans tout bon dictionnaire de A à Z, seront explicités sous le prisme de cette vie consacrée et à la Terre du Milieu et à la philologie (étude de la linguistique historique).

Il y a cependant de quoi dérouter tout profane. L’ouvrage, fort de plus de 700 pages, accessible contre la modique somme de 39 €, n’est pas à priori appelé à devenir le livre de chevet de beaucoup de monde vu ce que nous venons de dire : gros, élitiste et cher, voilà qui en rebutera plus d’un !

 

Et si nous vous démontrions le contraire, argument à l’appui ? En effet, balayons rapidement les questions matériels, si banals et si futiles (mais hélas, nécessaires en ces périodes où tous parlent d’austérité et de « serrer la ceinture ») : 39 € n’est pas énorme pour un livre de cette qualité. L’ouvrage est en effet parfaitement imprimé, il présente très bien et trouvera toute sa place dans les bibliothèques ! Qui plus est, 750 pages n’est pas énorme pour traiter le sujet. Les dimensions permettent néanmoins de ne pas passer pour plus volumineux qu’un Harry Potter. Et ceux, sans pour autant être du papier bible ! Donc c’est un investissement matériel tout à fait légitime pour vous comme pour offrir !

 

Ensuite, sur le fond, il convient de souligner l’excellence des notices. Sauf une ou deux relativement techniques et nécessitant une connaissance plus ou moins approfondie de l’œuvre de Tolkien et de la culture classique anglaise, toute entrée lue par votre serviteur l’a marqué par une pédagogie et une clarté agréable. Cela se comprend en lisant la liste des contributeurs de l’ouvrages : ils sont nombreux et… venant de divers horizons ! Vincent Ferré a su s’encadrer des meilleurs universitaires traitant du sujet mais aussi des « amateurs éclairés » maitrisant parfaitement une facette parfois éloignée de la vie des hommes plongés dans les livres : les films, les jeux vidéos, l’Internet, etc. Bref, la technologie !

Ces personnes venant de milieu non-universitaire apportent un regard bienvenu qui rend l’ouvrage intéressant pour tous : les étudiants et chercheurs de lettres y trouveront les dernières recherches mises à jour ; les amateurs éclairés se perfectionneront à l’univers de Tolkien, découvrant et précisant des notions précises ; les fans se plongeront dans la richesse d’un univers.

Qui plus est, le dictionnaire offre un excellent moyen de lancer un esprit dans le monde de la Terre du Milieu et la vie de son auteur. Il nous apparaît comme un excellent moyen de tenir les ouvrages quelquefois « hermétiques » de Tolkien en accompagnant le lecteur. Après avoir fini l’un des livres, en choisissant un point particulier qu’il souhaite travailler, le visiteur de l’œuvre pourra à l’aide du dictionnaire savoir vers où aller pour approfondir sa recherche : vers d’autres textes du Professeur, vers des essais d’universitaires français ou non, vers d’autres notices…

Si, en soit, l’ouvrage ne se veut pas exhaustif, il est néanmoins « global » et complet : il comprend en effet tout ce qu’il y a de plus important dans le monde Primaire (réel) et le monde Secondaire (fictionnel) du Seigneur des Mythes.

 

Le Dictionnaire Tolkien apparaît donc comme un élément essentiel pour tous ceux qui souhaitent pouvoir dire un jour qu’ils sont des « fans », des « amateurs » ou des « chercheurs » sur cet homme. Si tous se confondent dans les universitaires tels Vincent Ferré, Anne Besson et j’en passe, grâce à l’ouvrage, le commun des mortels pourra lui aussi prétendre à ce niveau de savoir (avec un certain travail, tout de même).

C’est, finalement, la clé vers Tolkien et son œuvre. Une clé qui tombe à point nommé – avec le hasard du calendrier suite au report des travaux et de Vincent Ferré et de Peter Jackson – lorsque nous constatons que, dans les mois à venir, nous entendrons, encore, parler de ce petit professeur d’Oxford : entre Le Seigneur des anneaux en DVD et Le Hobbit au cinéma, ouvrez donc le dictionnaire ! Histoire d’en savoir toujours plus sur le sujet…


Pierre Chaffard-Luçon


Dictionnaire Tolkien, sous la direction de Vincent Ferré, éditions du CNRS, 11 octobre 2012, 750 p. - 39 €

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PCL

Pour toute personne s'intéressant à l'actualité du dictionnaire Tolkien, un Scoop.it lui est consacré.

Et l'article de Pierre est dedans !