Daniel Kay, le promeneur à la longue vue
Il convient donc de se laisser aller dans ces pas qui croisent le buste de Cornic, le grand Rocher de Plestin-les-Grèves (« un pain de sucre/En baie de Naples »), Poul Rodou, Carantec, l’île Callot et, dans un même mouvement, les anges de Rilke, la présence incertaine de Fernando Pessoa, Tristan Corbière à Roscoff en ayant emprunté le TER. Avec Daniel Kay, on rêve que l’on est Tchouang Tseu et l’on est sûr que les algues se prennent pour Jackson Pollock.
Il rétablit le pouvoir de l’analogie et suggère de surprenantes correspondances dans les tunnels de la mémoire. Voyager en sa compagnie, le temps d’un séjour en Bretagne, c’est voir enfin ce qui se cache derrière l’horizon. Ses Fragments réinventent la géographie. Ils donnent un sens neuf à de vieux mots. Galet, granit rose, crachin, mouette, voilier, parc à huîtres ont une toute autre gueule. Ils parlent désormais et tournent en ridicule leurs définitions convenues.
Troisième ouvrage publié à l’enseigne La Sirène étoilée, cellule d’édition créée en 2012 par l’écrivain et artiste plasticien Gilles Plazy, ce recueil accompagné de digimages (images obtenues par traitement numérique à partir de photos ou d’œuvres graphiques réalisées par l’éditeur) souffle sur la poésie un vent de très belle humeur.
Guy Darol
Daniel Kay, Fragments des deux baies, La Sirène étoilée, juin 2013, 46 pages, 10 €
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