Les premiers pas d’Apollinaire : inédit !

Le jeune Wilhelm de Kostrowitzky, polonais en exil, est encore au collège et supporte difficilement ses treize printemps : il ne sait pas encore qu’il va devenir l’un des poètes français les plus importants du XXe siècle sous le nom de Guillaume Apollinaire. Il se cherche, dessine, écrit…

Voici donc le tout premier carnet connu qu’Apollinaire a rempli, couverture noire, doré sur tranche : œuvre à caractère hétéroclite d’une suite où se mêlent poèmes et dessins. Pas de certitude absolue sur la date (certaines semblent avoir été ajoutées postérieurement), mais on peut admettre que cela se passa lors d’un séjour à Monaco, au collège Saint-Charles (classes de 4e et 3e).

 

Cette année 1893 est assez mal connue dans la vie du poète. Madame de Kostrowitzky déménage de la Condamine à La Turbie. Le jeune Wilhelm dessine une vieille femme en train de tricoter, puis des vues familières de la Côte d’Azur, ou de l’arrière-pays. La belle aquarelle de la fenêtre ouverte évoque peut-être l’appartement familial, avec ses persiennes caractéristiques de la région…

 

Le poème « Noël » est étonnant de modernité : déjà dialoguent – comme dans « Minuit » – le texte et les illustrations. On notera également une forme nouvelle dans ce poème qui s’écarte des canons habituels : quatre strophes de seize vers octosyllabiques s’apparentent au rondeau (inventé au XIIIe siècle), car en réalité c’est une suite de faux rondeaux. Les strophes sont, en effet, construites sur quatre rimes au lieu de deux, et le refrain compte également quatre vers au lieu de deux.

 

C’est par l’entremise de Pierre Bergé, qui met en vente la totalité de sa bibliothèque, que le lecteur peut découvrir cette belle édition en fac-similée qui vient compléter le très beau Calligrammes paru en décembre 2014, suivi d’une présentation de Pierre Caizergues.

 

François Xavier

 

Guillaume Apollinaire, Un album de jeunesse, préface de Pierre Bergé, édition de Pierre Caizergues, à l’italienne sous coffret, 240x155, Gallimard, coll. « blanche fac-similé », octobre 2015, non paginé, 17,50 €

1 commentaire

J'aime beaucoup Guillaume Apollinaire depuis ma découverte d'Alcools au lycée. Je vais donc me procurer ce recueil dès que possible !