Le cubisme selon Apollinaire

Tous les temps sont réunis avec le cubisme et en quelque sorte se fondent en lui, le passé pour le reconstruire, le présent en pleine heure de gloire, le futur prometteur d’une esthétique inédite! Le cubisme est un de ces mouvements-maillons de l’histoire de l’art qui fait voir le monde sous d’autres angles quand la géométrie s’empare de la toile. L’œil découvre la curiosité qu’est, dit Apollinaire, « l’art de peindre des ensembles nouveaux avec des éléments empruntés, non à la réalité de vision, mais à la réalité de connaissance ».
Depuis l’œil s’est pourtant habitué à ces compositions « cérébrales » qui semblent maintenant moins révolutionnaires et novatrices une fois regardées et mesurées à l’aune du contemporain auquel il est confronté.

Ce petit ouvrage propose de relire les pages parues en 1913 sous la plume de Guillaume Apollinaire (1880-1918). L’écrivain, qui note que « les figures géométriques sont l’essentiel du dessin », porte son regard admiratif sur cette plastique moderne. Pour lui, le cubisme « n’est pas un art d’imitation mais un art de conception qui tend à s’élever jusqu’à la création ». À l’évidence, lorsque Picasso et Braque cherchent comment traduire le volume et la perspective, ils doivent recourir à ces formes que sont le carré, le cylindre, le losange et le rond, en recoupent les contours, déstructurent les visages et les objets pour les repenser, schématisent et conceptualisent la réalité.

À côté de ces deux promoteurs fondateurs, d’autres noms apparaissent qui ne demeurent pas en reste de créativité et s’inscrivent toujours dans le sillage de Cézanne. Ainsi de Juan Gris, Fernand Léger, Francis Picabia, Albert Gleizes qui séduit Apollinaire en raison de ses « puissantes harmonies...». Dans un court texte consacré à cet artiste, à tort trop oublié aujourd’hui, il écrit : « La majesté, voilà ce qui caractérise avant tout l’art d’Albert Gleizes. Il apporta dans l’art contemporain une émouvante nouveauté ».
Gleizes comme Metzinger estimaient que « la seule erreur possible en art c’est l’imitation ».
Le débat est toujours ouvert !

La lecture de ces pages montre qu’Apollinaire  aime cette conquête nouvelle, audacieuse, amie de la lumière, cette esthétique qui, en se dégageant de l’ancienne peinture, devient pure et pose la question du beau en soi. Une série de textes accompagne les réflexions de l’auteur de Calligrammes sur le cubisme et sur une dizaine de peintres à la « personnalité à la fois robuste et délicate » liés au mouvement.  

Dominique Vergnon

Guillaume Apollinaire, Les peintres cubistes, 150 x 230, éditions de Paris-Max Chaleil, septembre 2018, 104 p.-, 14 euros.

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