« Bling Bling Baby » : du glamour au grotesque


 

33 artistes repoussent ici les limites entre l’art et le cliché. L’artifice n’est donc pas une affaire de genre ou de goût au moment où la formule devient  “In bling we trust!”. Les artistes multiplient les extravagances dans la mouvance  d’une exagération post-romantique  que Guy Bourdin (1928 - 1991) avait initiée en multipliant les tournures intempestives dans la photo de mode.

Des artistes se sont engouffrés derrière lui dans le filon : on pense bien sûr  à David LaChapelle, Miles Aldridge et, bien sûr,  Pierre et Gilles.

 

Mais tout un aréopage de jeunes photographes cultivent le sillon. Lehollandais Ruud van Empel introduit des personnages idéalisés dans des backgrounds paradisiaques. Hassan Hajjaj ajoute des objets trouvés à ses portraits de Hipsters et Jason McGlade installe ses personnages au milieu de fleurs sur un miroir scanner. Ce ne sont là que quelques exemples parmi l’univers fantasmagorique et chimérique du livre dirigé par Nadine Barth. Il sert de catalogue à l’exposition éponyme au NRW-Forum Düsseldorf. 

 










Le monde devient rose bonbon et rafraîchissant plein d’étincelles glamoureuses. La stratégie est un refus du “less is more » au profit de la surcharge. Le bling-bling développé dans ce livre ne cherche pas à fabriquer des chefs-d’œuvre. Les artistes ne se prennent pour des philosophes mais ils évitent de faire de l’art un cimetière et s’éloignent avec jouissance de l’esthétique officielle. Sans prendre rendez-vous avec l’Absolu, l’impertinence des œuvres crée un univers de cire et de circonstance là où les artistes se veulent plus des bouffons que des bâtisseurs de civilisation. Leur « faux » crée « pour de vrai »  ce qui peut mettre à mal la dictature de la raison et rendre non comestibles les pâtes idéologiques dont est confit le monde de l’art.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Collectif «  BLING BLING BABY! »,   Hatje Cantz Verlag, Berlin, 216 p., 2016.

 

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