Le Comité professionnel des galeries d’art fête ses 70 ans

Une nouvelle fois totalement décoiffé après le vertige éprouvé sous la verrière du Grand Palais lors de la Fiac 2017, il convient de savoir raison gardée puisque toutes les galeries ne sont pas à loger à la même enseigne. Si un Metzinger fut vendu à près de deux millions d’euros – preuve que l’art moderne et la beauté ont encore quelques valeurs sur un marché dépourvu de repères – il provient une fois encore du cercle dit des galeries authentiques qui siègent rive gauche…
Pour le reste, mieux vaut ne rien dire.

Car, si 1948 voyaient les galeries fleurirent rive droite, c’est bien entre les rues de Seine, des Beaux-arts et Mazarine que s’est joué la fédération des premières vraies galeries afin d’instaurer un minimum d’ordre et de sens dans un milieu professionnel qui était en train de se faire pervertir au lendemain de la guerre, aussi bien par un État dépassé que par l’entrée en scène des américains.
Fondé en 1947 par un groupe de marchands parisiens (Louis Carré, Gildo Caputo), le Comité professionnel des Galeries d’art (CPGA) a eu d’emblée vocation à être une instance de lobbying face aux pouvoirs publics et aux élus, un espace de réflexion collective et de sociabilité pour les marchands parisiens et un lieu d’émergence de propositions de réformes fiscales, juridiques et économiques du marché de l’art français.

Voilà donc le galeriste obligé, en plus, d’intervenir dans le champ politique, social et économique quand on aurait pu s’imaginer qu’il n’avait que vocation de passeur et de découvreur. Or, sans le nerf de la guerre, point d’aventure. Et pour défendre la spécificité de la galerie d’art parisienne, il fallait se fédérer, l’union fait la force…
Il y a soixante-dix ans, donc, les années noires sont terminées mais New York fait désormais office de point nodal dans le monde de l’art ; Paris s’épuise, se noie dans sa suffisance à ne pas vouloir comprendre que rien n’est figé pour l’éternité.

Ainsi le CPGA va-t-il œuvrer de manière à fluidifier les échanges en étant habilité par l’État à délivrer des attestations valant dispense de licence d’exportation tout en défendant les intérêts des marchands qui se lancent dans l’art contemporain. Viennent ensuite les sujets liés au droit de suite, à la TVA et aux enjeux du marché commun qui prend forme. En 1960, le CPGA contribue d’ailleurs à la définition juridique et fiscale de l’œuvre d’art originale, sur fond d’intenses débats sur l’extension de la TVA aux œuvres d’art…

Ponctué de nombreux entretiens, cette étude collective et pluridisciplinaire construite sur des archives inédites offre au lecteur averti une photographie historique du monde de l’art français depuis plus de soixante-dix ans.
Essentiel.

 

François Xavier

 

Julie Verlaine (sous la direction de), Le Comité professionnel des galeries d’art, 8 illustrations noir & blanc, Hazan, octobre 2017, 176 p. – 21€

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.