Pour conserver un p’tit air d’été – malgré le temps d’automne – rien ne vaut d’aller fouler les remparts d’Antibes, et de se laisser glisser vers le Musée Picasso qui accueille, jusqu’au 31 octobre, dix chefs-d’œuvre de l’extraordinaire Collection Nahmad.

S’ouvrant sur de très belles photos de François Halard, ce drôle de catalogue à la taille imposante, vous envoie d’emblée au premier étage du musée pour vous confronter avec le premier tableau de Picasso, cette jeune fille nue sur fond bleu. Toile unique sur un mur blanc. Il n’y aura pas de sur-accrochage ici, les œuvres ne s’écrasent point, ne s’annulent point : au contraire, elles rayonnent, éclaboussent, jaillissent des cadres pour vous appartenir. La peinture est entière, toujours.
Neuf Picasso et un Rothko pour embraser ce petit musée qui est déjà une œuvre d’art à lui tout seul, offrant en chaque exposition la même clé de fin, comme une symphonie inachevée, le Concert de Nicolas de Staël, symbole de cette ville.

Cette promenade dans les salles voutées, portées par des murs de pierres, permet au silence de comprendre l’harmonie des couleurs parmi les teintes impalpables qui dialoguent. Point ici d’accumulation mais plutôt une concentration éphémère d’une force extraordinaire. C’est bien plus qu’une exposition : une installation dans l’espace pour jouir de ce mariage entre architecture et œuvre picturale.
Et un monumental catalogue qui présente des gros plans de certaines parties des tableaux, offrant une lecture particulière, une attention portée sur le graphisme du maître, une autre manière de pénétrer la peinture.

Rodolphe

Jean-Louis Andral (sous la direction de), Picasso, Antibes, Nahmad, 40 illustrations couleur, 280 x 390, relié cousu sur papier matiéré, fer à dorer sur la couverture, Hazan, septembre 2021, 96 p.-, 65 €