La part des flammes.

Mai 1897, le Bazar de la Charité s’enflamme. C’est l’horreur à l’état pur. Le feu parti de la combustion des vapeurs d’éther utilisé pour alimenter la lampe du cinématographe  embrase en quelques minutes le décor, les tissus, le vélum goudronné. Des centaines de personnes sont prises au piège, 120 meurent dans des souffrances atroces. Quasiment toutes sont des femmes ou des filles issues de la noblesse ou de la haute bourgeoisie venues  soit pour tenir des stands, soit en visiteuses de cette vente prestigieuse. Au comptoir n° 4, de la Duchesse d’Alençon, sœur de l’impératrice d’Autriche, madame de Raezal, veuve depuis quelques mois et Constance d’Estingel, une adolescente torturée qui vient de rompre ses fiançailles lient connaissance lors de ce grand rendez-vous aristocratique où il faut être.


Brûlées à différents degrés Les deux jeunes femmes  se remettront lentement de leurs blessures tandis que la duchesse succombera. Elles deviendront amies dans un Paris bouleversé par  l’incendie, perturbé par des rumeurs affreuses : certains jeunes hommes de la bonne société auraient-ils piétiné des femmes pour sortir du   brasier ?

Constance, diagnostiquée  abusivement hystérique par un médecin réputé qui l’interne ne devra son salut qu’à la ténacité de madame de Raezal à travers des rebondissements digne d’un roman de cape et d’épée. Mysticisme, enlèvement, duel ponctuent  un roman écrit avec imagination et vivacité. Entre un cocher courageux, un jeune journaliste à la fougue héroïque, des parents peu aimants et surtout désireux de ne pas déroger aux codes mondains,   le lecteur ne s’ennuie pas un instant et en redemande. L’auteur dépeint avec précision le Paris de la fin du dix-neuvième siècle en pleine affaire Dreyfus, les excès de certains médecins aliénistes, l’obsession de la pureté des filles, le monde de la presse en plein essor dans un roman plein d’imagination.

Ce deuxième  livre de Gaëlle Nohant se lit avec émotion et beaucoup de plaisir.


Brigit Bontour 


Gaëlle Nohant, La Part des flammesEditions Héloïse d’Ormesson,  2014, 492 pages,  27.90 euros

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