Sarah Léon, "Wanderer", le marcheur, d'après un lied de Schubert

Dans une campagne enneigée que l’on dirait tout droit sorti d’un tableau de Brueghel, avec ses fermes regroupées frileusement autour d’un clocher, ses routes sinueuses et ses mares glacées, Hermin, un compositeur est venu s’isoler pour écrire un hommage à Schubert. Un soir, un garçon apparemment souffrant frappe à la porte de la maison retirée : il s’agit de Lenny, un jeune pianiste surdoué qu’Hernin avait dix ans plus tôt pris sous son aile et qui avait disparu mystérieusement. Le jeune homme surnommé le Wanderer, le Marcheur d’après un lied de Schubert avoue à son ami qu’il a annulé tous ses concerts à venir et qu’il ne jouera plus. Pendant deux mois, les deux jeunes gens se croisent et se parlent peu, s’évitent et par leurs silences sont plus éloquents qu’à travers tous les dialogues du monde. Dans cette campagne de fin du monde, Lenny tousse à fendre l’âme, décline et à bout de forces, disparaît à nouveau un beau matin en laissant une lettre explicite à son ami.

Dans ce tout premier roman écrit par une jeune fille de 20 ans, se mêlent l’amour et l’aveuglement, l’impossibilité de se parler, la passion de la musique de Schubert. D’un romantisme exacerbé avec la maladie, l’amour, la mort qui avance masquée, les personnages brûlent d’une passion d’autant plus violente qu’elle est inavouée.

Sarah Léon, alterne habilement passé et présent dans des chapitres courts et diablement efficaces, qui s’opposent avec une grande réussite à l’histoire crépusculaire des deux garçons. Etudiante en lettres et en musicologie, l’auteur qui a déjà douze ans de piano derrière elle, connaît parfaitement Schubert et Zweig puisqu’elle affirme  avoir beaucoup pensé aux œuvres du musicien ainsi qu’ à La confusion des sentiments en écrivant son livre. Il y a peu de maîtres aussi prestigieux pour faire ses premiers pas en littérature.

Cette élève à l’Ecole Normale Supérieure de Paris a déjà remporté le prix Clara, destiné aux adolescents auteurs de nouvelles prometteuses.


Brigit Bontour


Sarah Léon, WandererEditions Héloïse d’Ormesson, mars 2016, 176 pages, 15 euros

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