Emmanuelle de Boisson, "Les Années Solex"

Juliette,  a deux hamsters. L’un s’appelle La Bourgeoisie, l’autre Le Tiers Etat. Ca ne s’invente pas ! Et c’est devant le spectacle des bagarres des deux animaux que la jeune fille de quatorze ans s’interroge en écoutant Pink Floyd et en fumant une Kent : "les garçons sont-ils si écœurants",  comme le dit sa mère ?  Va-elle partir en Inde, se droguer ou pire encore devenir communiste ?

En effet pour ses parents de la bonne bourgeoisie Alsacienne,  sa mère surtout, une adolescente en 1969 a quelques droits mais surtout de nombreux devoirs et par dessus tout une réputation à tenir.

Ce que n’entend pas du tout Juliette qui, lors de ces années où "tout était orange", où les trains étaient des "Micheline écarlates" et en compagnie de sa cousine Camille, un peu plus libre va devenir une adulte.  Tiraillée entre son éducation, son milieu très bourgeois et son désir d’émancipation, elle passe indifféremment  du château de ses grands-parents à une manif lors de laquelle elle se retrouve dans un panier à salade avec à la clé, un joli sermon.

 

Il y a de la poésie dans  Les Années Solex : "la brume, cette dame blanche des forêts vosgiennes" ; des soirées dans des greniers à foin, d’autres passées à refaire le monde, un amoureux, le beau Patrice, un boulot d’été,  le premier divorce dans la famille, la mort de la grand-mère, le temps qui passe et remise l’enfance à tout jamais  loin derrière au rayon des souvenirs enchantés.

 

Avec ce roman très personnel,  Emmanuelle de Boysson laisse entendre une petite musique nostalgique aussi  piquante  qu’entêtante au goût prononcé de madeleine.

 

Brigit Bontour


Emmanuelle de Boisson, Les Années Solex, Héloïse d’Ormesson, 220 pages, 18 eur

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