Vers un nouveau langage avec Henri Michaux

Les éditions Fata Morgana republient un des ouvrages des réalisations graphiques de Henri Michaus publié en 1984 : Par des traits. Comme dans l'autre livre de l'auteur sur le même sujet (Saisir) celui-ci rassemble pages de textes, de dessins abstraits, poèmes, essais, et groupes de signes graphiques à l’encre noire.

L'écriture chinoise n'est pas loin. Néanmoins l'auteur propose, à partir d'un tel substrat, son propre vocabulaire. Proche dans ce cas d'un Dotremont son compatriote, Michaux rêve d'un langage universel qui remplacerait les mots par les signes. L'objectif est de saisir de manière originale le monde et ses secrets là où le vocabulaire tomberait comme un fruit trop mûr, voire pourri.

Certes dans ce livre signes (dessins) et textes cohabitent et perdurent. Mais c'est la manière d'ouvrir la voie à une utopie qui reste à écrire ou à dessiner. Et c'est en ce sens que ce langage est bien différent des idéogrammes au rendu statique, écrit Michaux.

L'auteur caresse à l'inverse - par delà les modifications des dessins que les gestes induisent forcément à partir d'un concept premier - l'idée d'un graphisme inaltérable d'un mouvement originaire.

Ce livre indique en conséquence l'appel à une forme qui dépasse les langues littérairement lisibles. C'est là le fameux rêve cher à l'auteur : celui de participer au monde par des lignes afin que se crée sa libre circulation comme dans les temps premiers - en Chine tout particulièrement où les signes étaient parlants.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Henri Michaux, Par des traits, Fata Morgana, Fontfroide le Haut, 2018 (réédition), 112 p.-, 25 euros

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