Gérard Mourou et Monica Preti : Fresnel et les lumières extrêmes de l'Impressionnisme

Le prix de Nobel de Physique 2018, découvreur de bien des gazouillis impressionnants de la lumière, prouve dans ce livre combien art et science font bon ménage. Il est vrai que la couleur est une phénomène d'ondes, de résonances et de vibrations.

Suite au projet d'un colloque et d'une exposition envisagée pour L'année de la lumière par les deux institutions – l'école Polytechnique et l'école du Louvre – créés à la même époque, Mourou s'est lancé sur ce sujet pour parfaire une de ses intuitions.
Et ce via Fresnel pionnier des l'optique dont le traité des vibrations et son premier mémoire (superbement nommé rêverie) s'opposent à la conception des particules visuelles chère à Newton. Il va imposer face au maître anglais la nouvelle doxa.

Monica Preti et Gérard Mourou ont cherché divers documents afin de prouver la thèse caressée par le savant et développée ici : l'impressionnisme est directement influencé par Augustin Fresnel via Turner et Monet.
Cette nouvelle école picturale donne en effet le privilège aux couleurs sur le dessin. Et ce transfert a lieu via Turner et Constable. Le premier- de passage à Edimbourg et en relation avec des spécialiste de l'optique - est mis au courant des travaux de Fresnel. A partir de ce voyage au début des années 1820, le créateur change de facture : il peint la lumière puis y ajoute des choses.

Monet et Pissaro – découvrant les œuvres de celui-ci à Londres – feront de même. Et les peintures de la cathédrale de Rouen sont là pour le prouver. Le mécanisme  de diffraction sera donc une des composantes clés des impressionnistes. D'autant que l'apparition de la photographie permet à la peinture de se dégager de l'arrimage au réel.
Dès lors la peinture change comme l'annoncent Goethe dans son traité de la peinture et Schopenhauer dans sa Grande Œuvre. Augustin Fresnel (lui-même cousin de Mérimée) aura donc entamé un pas important sur la compréhension de la lumière et sa nature comme pour l'évolution de la peinture.

Toutefois chaque créateur en physique comme en art sait que si seule la volonté de découvrir et d'évoluer retient dans leurs éthers (Mourou) respectifs, rien n'est jamais acquis. Pour l'heure sur le plan de la science Fresnel et Newton ne sont plus opposés. Louis de Broglie a prouvé que la nature ondulatoire de la matière n'empêche en rien une manière de matières (les corpuscules de Planck).
Mais c'est une autre histoire...  En art comme en physique (quantique ou non), entre métrique et espace temps tout avance. Et c'est pourquoi de tels champs restent inépuisables.


Jean-Paul Gavard-Perret


Gérard Mourou et Monica Preti, L’impressionnisme entre art et science  La lumière au prisme d'Augustin Fresnel (de 1790 à1900), éditions Hermann, janvier 2018, 216 p.-, 32 €

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