Le "Dead Man" de Leonard Wibberley

L’humour non-sensique permet une narration de nature volontairement défaite. Les nappes qui se creusent dans la tête des galeristes de la folie meurtrière sont débarrassées des mets copieux de tels convives. Tel l’Indien de Dead Man de Jarmusch (mais avec un fin moins tragique et moins poétique) Leonard Wibberley propose un livre d’aventures burlesques et rocambolesques où le Lacan gourou est remplacé par un devin qui vaut largement le premier.
Une nouvelle fois Leonard Wibberley traite l’Histoire par dessus la jambe et ses jarretières. Il était coutumier du fait. Moins connu que La souris qui rugissait, son texte est tout aussi drôle par ses situations absurdes et la critique acerbe du monde de la Deuxième guerre mondiale.
Le regard ironique que portait Leonard Wibberley sur la politique menée par les grandes puissances économiques reste plus que jamais d’actualité. Le monde est un champ de bataille grouillant de mirages et de feu. Un tel roman permet pour autant d’autres éclats de lumière par effets de bord et de débordement.
L’auteur par ses personnages clés et les situations improbabless semble boire les océans et déplacer les montagnes. Reste à se demander à quelle porte le monde doit frapper pour tenter de sortir des errances programmées au moment où – paradoxalement - le corps des lecteurs est saisi de rire - sans doute parce qu’une telle œuvre crée des surprises improbables. Du moins a priori.
Jean-Paul Gavard-Perret
Leonard Wibberley, Feu l’Indien de Madame, Héros Limite, Genève, 2018, 224 p.
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