"Le Choc de l'histoire", Dominique Venner à propos de Religion, mémoire et identité
Un Historien à contre courant
Dominique Venner est directeur de la Nouvelle Revue d’Histoire et historien lui-même, après une carrière virile dans la politique, très à droite. Son dernier ouvrage , le choc de l’Histoire, est atypique. Au gré d’un entretien avec Pauline Lecomte, Dominique Venner ne cesse d’interroger l’Histoire, comme un philosophe, et revient sur l’ensemble de son œuvre.
Didier Paineau
Dominique Venner est directeur de la Nouvelle Revue d’Histoire et historien lui-même, après une carrière virile dans la politique, très à droite. Son dernier ouvrage , le choc de l’Histoire, est atypique. Au gré d’un entretien avec Pauline Lecomte, Dominique Venner ne cesse d’interroger l’Histoire, comme un philosophe, et revient sur l’ensemble de son œuvre.
L’Europe en dormition
Brisée par les deux guerres mondiales, l’Europe est en dormition, anesthésiée par un progrès matériel et technique qui lui a fait office de canne et d’horizon. Se gaver pour oublier le chagrin de n’être plus, pire peut-être : de ne se vouloir plus. La domination américaine, la propagande dévalorisante sur la culture et sur l’Histoire européennes pèsent comme une chape de plomb sur notre continent, lui interdisant toute réaction. Deux éléments viennent cependant remuer le marécage.
Pour un réveil européen
Le mondialisme anglo-saxon, après le communisme et le fascisme, commence à faire naufrage, tout comme sa créature, l’Union Européenne. Selon l’auteur, le cycle historique commencé en 1914 s’achève. Face à l’immigration de masse, les signes de réveil sont nombreux et se manifestent par exemple dans le débat sur le statut de la femme ou le succès des partis populistes. Venner cite René Marchand qui définit les civilisations comme des planètes différentes. En somme, de plus en plus de gens se rendent compte qu’il y a des valeurs inconciliables car incompatibles entre les civilisations. L’Eglise ne cesse de dire le contraire et Venner n’aime guère son universalisme dangereux pour l’Europe ; l’Europe existait avant le christianisme et sa culpabilisation paralysante. Retour à l’optimisme donc, puisque l’Histoire, qu’on nous avait dit morte, est à nouveau ouverte. Les veilleurs parmi les ruines, qui n’ont cessé de guetter l’aurore, voient venir l’aube. Il est donc nécessaire de retrouver ce qui sommeille en nous : la tradition.
Les forêts et Homère
Venner définit joliment la tradition : c’est ce qui ne passe pas ; on a un héritage ineffable et ineffaçable, transmis en partie par l’hérédité, un mystérieux « sang sauvage » qui ne peut s’expliquer sans elle. L’auteur pratique deux exercices personnels pour nettoyer cette source: le recours aux forêts (qui sont nos vraies cathédrales comme disait le gros Léon Daudet) et la lecture du poème européen par excellence, que représente la somme de l’Iliade et de l’Odyssée. On retrouve, par exemple, chez Homère, le personnage d’Achille, avec le Cuchulainn (dire « Courouline ») de la mythologie celtique… Il nous rappelle la quête de l’excellence, la liberté profonde, la recherche de la beauté… D’Achille à Claus von Stauffenberg, qui tenta de tuer Hitler en 1944, le héros est une constante de notre culture.Venner rappelle également que notre héritage n’est pas simplement prométhéen, volonté de tout saisir et transformer, il est aussi apollinien, tout d’ordre et de mesure…
Un livre puissant qui présente l’avantage d’être une introduction à toute l’œuvre de l’auteur… On ne peut qu’apprécier l’a priori de droiture et de courage que Dominique Venner manifeste dans toute son œuvre.
Didier Paineau
Dominique Venner, Le Choc de l'Histoire, entretiens réalisés par Pauline Lecomte, Via Romana, septembre 2011, 179 pages, 20 euros
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