Premier ouvrage consacré au Ministre et homme de confiance de Napoléon, Montalivet

Un rouage de la gloireL’Histoire regorge de « connus inconnus ». C’est le cas de Jean-Pierre Bachasson, comte de Montalivet, ministre de Napoléon Ier. La notice consacrée à Montalivet du magnifique Dictionnaire Napoléon, sous la dirtection de Jean Tulard, utilise le livre qu’André de Montalivet écrivit sur sa famille en 1955. Le livre de Jean-Claude Banc est le premier qui soit consacré au ministre. L’auteur a puisé aux meilleures sources, et, notamment dans les centaines de lettres que Montalivet a adressées à son épouse. Il a publié de nombreux articles et ouvrages sur la période, notamment un dictionnaire des maréchaux de Napoléon en 2007.

Un juriste noble

Jean-Pierre Bachasson est né en 1766 à Neunkirch  près de Sarreguemines, où son père, à 63 ans, ancien militaire, est gouverneur honorifique de la place. Il est issu d’une vieille famille de robins anoblis au XVIIe siècle, dans la région de Valence dans la Drôme.  Jean-Pierre épouse une jolie jeune fille noble, après une concurrence effrénée avec un officier corse, Napoléon Bonaparte (qui ne lui en gardera pas rancune). Il fait des études de droit et devient conseiller au parlement de Grenoble. À la retraite, notre personnage montrera volontiers  à ses  enfants trois objets qui résument sa vie : son sac de caporal à l’armée d’Italie, son écharpe de maire de Valence et sa ceinture de ministre de l’Intérieur (à ne pas confondre avec le ministre de la police).

Un rouage essentiel

En 1794 il devient maire de Valence,  nommé par le représentant du pouvoir central, Debry. Il réussit  à rester relativement populaire tant il impressionne par ses compétences et son humanité. Il devient alors commissaire du  Directoire pour le département  puis commissaire ordonnateur adjoint pour l’armée d’Italie. Bonaparte apprécie beaucoup son effic acité  pour le ravitaillement de l’armée. Une fois au pouvoir, Bonaparte se souvient de lui en le nommant à nouveau, sans le consulter, maire de Valence en 1800. Préfet de la Manche l’année suivante, puis de la Seine et Oise. Son dévouement et ses qualités le conduisent de plus en plus haut : conseiller d’Etat en 1804, directeur général  des Ponts-et-Chaussées en 1806, comte en 1808, ministre de l’Intérieur en 1809 ; ses charges sont écrasantes, allant de l’instruction publique à l’agriculture, en passant par les hôpitaux, le commerce, l’industrie, l’administration… Une réorganisation administrative le soulage, sans disgrâce, d’une partie de ses attributions en 1812. Sans que l’on puisse le soupçonner de retourner sa veste, il conseille à l’empereur d’accepter les conditions des alliés en 1814. Il devient le secrétaire de la régence éphémère qui se met en place. Il ne va pas faire sa cour au roi Louis XVIII, sereinement fidèle. En mars 1815, il est de la foule qui acclame le retour de Napoléon. Il « reprend du service », intendant général d domaine extraordinaire de la couronne (gestion de la liste civile dce l’empereur) et pair de France. Il doit à l’amitié du favori du roi, Decazes, de le demeurer, sans renier Napoléon qui lui rendra hommage à Sainte-Hélène. De plus en plus minéz par la goutte, il meurt en 1823. 

L’ouvrage est clairement écrit. L’exploitation de la correspondance, sans impudeur, permet de dresser un portrait humain d’un de ces hommes cachés par la gloire d’autrui, mais qui la permettent par leurs actions. Un homme bon, fidèle et efficace. A lire par les vrais amateurs de la période… On signalera en annexe une étonnante analyse graphologique de Montalivet, selon les moments de sa vie…


Didier Paineau 

Jean-Claude Blanc, Montalivet, l'homme de confiance de Napoléon, préface de Jean Tulard, Nouveau Monde éditions, "La Bibliothèque Napoléon", avec le soutien de la Fondation napoléon, octobre 2011, 414 pages, index, annexes, 29 euros

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