"L'Affaire Qumrân, les découvertes de la mer Morte", la révolution archéologique et la fondation de la civilisation judéo-chrétienne

« La plus grande aventure archéologique du XXe siècle »

Sur les bords de la mer Morte, la découverte de quelques grottes contenant des pots et de vieux manuscrits a été un choc culturel dont l’impact se ressent encore aujourd’hui, parce qu’il est au fondement même de la civilisation judéo-chrétienne. Ainsi , en 1947, un jeune Bédouin met-il involontairement à jour — comme une légende, comme Lascaux — ce qui va apparaître comme les traces de la civilisation préchrétienne et qui va renouveler le regard des savants sur les Sainte Écritures.

La politique, l’archéologie et l’Histoire de l’Humanité

Si la découverte initiale et la mise à jour progressive des trésors de Qumrân tiennent plus du roman populaire que de l’archéologie — une course entre savants et Bédouins pour retrouver et conserver ou revendre les pièces —, dès que la nature exacte des documents est entendue c’est la politique qui va s’en mêler. Et d’autant plus que la zone de découverte va successivement passer du contrôle britannique initial (les Anglais quittent la région en 1947, laissant un vaste champ de ruine diplomatique et politique, dont le corollaire est l’Irak d’aujourd’hui) au contrôle Palestinien, puis Israélien (après la proclamation de l’Etat d’Israël par David Ben Gourion le 14 mai 1948) et, enfin, sous un contrôle scientifique international en terre israélienne et sous « contrôle » des écoles bibliques et archéologiques française, anglaise et américaine. Les manuscrits et poteries (essentielles, parce qu'elle parlent directement au chercheur et trouvent un corolaire dans le texte biblique même) ont été conservés comme comme signaler à notre époque trouble sur la question du culte que des grands anciens, persécutés, sont peut-être à l'origine commune des grandes Religions Révélées. Du moins, l'on se bat âprement pour l'étude de ses précieux vestiges.

Quelques grands hommes en chemin

Cette découverte collective va aussi permettre de faire connaissance avec plusieurs savants, avec les écoles Bibliques, et surtout avec l’engagement fait homme que fut le père de Vaux. Si Jean-Baptiste Humbert a si bien su rendre corps à ce grand savant, tout dévoué à la découverte et à l'étude, c'est peut-être parce qu'il est lui même frère dominicain et qu'il suit les traces de son vénérable prédécesseur.  Le Père de Vaux, savant des plus érudits, homme calme et posé, s'est investi dans ces recherches archéologiques, qui fondent pour lui toute possibilité de vérité, pour atteindre à la vérité religieuse. Une telle démarche est assez rare pour être signalée. La communauté scientifique ne s'est d'ailleurs jamais départie de l'éloge général sur le travail et la personne même du Père de Vaux.

Un mystère encore à éclairer

Le mystère des manuscrits de Qumrân, s’il a été en partie élucidé, reste grandement à élucider. Les hypothèses, notamment celle de la civilisation essénienne, sont de nature à rendre nécessaire la refonte totale des faits tels qu'ils sont enseignés depuis deux milles ans par les églises et qui sont supposé fonder notre société. Aujourd'hui, plusieurs courants de chercheurs cherchent encore à savoir ce qu'il en est, plusieurs écoles Bibliques travaillent assidument. Les fondamentalistes ont-ils raison de craindre que la mise au jour de ces trésors pré-chrétiens, dont une partie est « reprise » dans les Évangiles, serait sinon la preuve que les Évangiles ne sont pas d'essence divine, mais que tout ce qui a fondé à ce jour la vérité révélée du christianisme est de ressort humain ? On comprend ce que l'aboutissement de telles recherches peut avoir  comme conséquences sur la marche du monde actuel, où, Malraux avait raison, le « spirituel » l'emporte.

Si cette Affaire Qumrân n'éclaire pas tout, ce qu'il serait illusoire de croire, il met en chemin, il pousse pas à pas le lecture sur la voie. C'est déjà un beaucoup, pour un ouvrage de découvertes, que de pointer aussi bien les tenants et les aboutissants d'un fait aussi complexe et de convaincre le lecteur qu'il doit sinon se remettre en question dans la marche du mond,e du moins poursuivre sa propre enquête sur la base de ces faits étonnants.

Loïc Di Stefano


Estèle Villeneuve et Jean-Baptiste Humbert,
L'Affaire Qumrân, Gallimard, « Découvertes », octobre 2006, 128 pages, 13,10 €

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.