Fidèle à sa politique, déjà présentée sur ce site, la maison d’édition Maison, déménagée en Auvergne, enrichit sa collection Illustoria d’un nouveau petit volume sous la plume de Iaroslav Lebedynski qui est un Historien français cinquantenaire, né à Paris. Pour des raisons d’héritage familial personnel, il s’est passionné pour la culture des peuples de la steppe et du Caucase. Il enseigne l’histoire de l’Ukraine à l’Institut national des langues et civilisations orientales à Paris, tout en animant le cercle de recherche Gallia Sarmatia consacré aux traces laissées par les Alains et les Sarmates en occident, co-dirigeant la collection Présence Ukrainienne à l’Harmattan.

On a en effet à faire avec quelqu’un qui connaît son affaire…

Les auteurs antiques appellent successivement Sarmates puis Alains un vaste ensemble de peuples nomades iranophones vivant sur les steppes européennes. À leur apogée, aux premiers siècles de notre ère, ces peuples occupent les plaines entre l’Oural et le Danube. Ces peuples cavaliers vivent d’élevage, de commerce et de guerre. Le pillage voire le mercenariat sont des activités courantes. Le choix de l’ouvrage est de les étudier sous l’angle de vue de leurs contacts avec Rome.

    

En bon professionnel, Lebedynsky présente ses sources, lacunaires gréco-romaines, qu’il complète tant bien que mal avec les sources arméniennes et surtout géorgiennes, et l’archéologie. Malgré tout, les ombres demeurent pesantes. On ne sait essentiellement que les grandes lignes de l’Histoire des peuples nomades et leur mode de vie. Au IVe siècle leur domination est battue en brèche par les invasions hunniques. Des groupes d’Alains entrent dans l’orbite goth quand d’autres sont soumis aux Huns. Descriptions et illustrations nous présentent des guerriers chamarrés, cuirassés arborant des scalps en trophées sur leurs montures. Lebedensky atteste également la réalité du mythe des Amazones (Hérodote), au moins jusqu’au Ier siècle avant J.C.

Les chevaux des Alains et Sarmates sont réputés. Ils apportent le soutien de leur cavalerie à leurs alliés. C’est ainsi que les Romains les emploient dès le IIe siècle. Ils ne sont pas à l’origine de l’étrier. Cet élément déterminant n’apparaît qu’au VIe siècle chez les Avars. Les Sarmates sont à l’origine d’un nouveau type de combat et de combattants. Ils utilisent à la fois les archers montés et les lanciers lourds cuirassés (cataphractaires). Leur force réside dans la rapidité et le harcèlement, comme tous les nomades, ils sont incapables d’assiéger une ville.

    

Le premier recrutement massif de Sarmates dans l’armée romaine date de 175. L’auteur passe en revue l’établissement de colonies sarmates en Bretagne (deux cents ans !), en Gaule, Italie ou Egypte. Au IVe siècle, les Alains obtiennent des territoires entires comme la Lusitanie ou des portions de la Gaule (au nord de la Loire avec Orléans pour centre, autour de Valence). Ils ont alors un statut d’alliés, gardant leur cohésion propre. Les peuples des steppes influencent les Romains qui adoptent l’épée longue, l’enseigne du dragon, le casque…

Ce petit livre présente toutes les qualités de la collection : texte concis, illustrations judicieuses, chronologie, bibliographie, lexique, index. Il est peut être un peu austère dans sa froideur scientifique, mais on ne va pas bouder notre plaisir dans cette initiative unique et ambitieuse des éditions Maison !