La bataille de la Somme, une offensive de la Grande Guerre sortie de l'oubli

Historiens de la première guerre mondiale

 

Cette synthèse proposée par les éditions Tallandier est due à deux historiens de la Grande guerre. Philippe Nivet, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Picardie, est membre du comité directeur du centre international de recherches de l’historial de la Grande Guerre de Péronne, fondé à l’initiative de Max Lejeune dans les années 80 et donc situé sur un des lieux de cette bataille de la Somme. Quant à Marjolaine Boutet, elle est maître de conférences à l’université de Picardie. Il s’agit ici de la plus récente synthèse sur cette bataille, longtemps négligée par l’historiographie française au profit de Verdun.

 

Des moyens gigantesques

 

Les auteurs démontrent d’abord combien cette offensive correspond aux vœux du général Joffre qui, après les offensives inutiles de 1915, a réussi à convaincre les alliés de lancer des offensives combinées à l’été 1916 (ainsi les russes de Broussilov lanceront l’offensive du même nom). La bataille de Verdun modifie cependant la composition des troupes : les français ne seront que 200 000, la majeure partie de l’effort reposant donc sur les troupes britanniques, essentiellement des engagés ayant répondu au fameux appel de Lord Kitchener.

 

Les alliés préparent minutieusement l’offensive, accumulent du matériel, surtout pour l’artillerie. Les allemands endureront une semaine entière de bombardements avant que l’assaut ne soit donné, sans que leur potentiel ne soit atteint de manière décisive. Les mitraillettes allemandes faucheront près de 50 000 fantassins le 1er juillet 1916…  Si l’artillerie alliée dispose de munitions importantes, 30 % des obus s’avèrent défectueux. De plus, le choix de privilégier le shrapnel, afin de démanteler les barbelés allemands, s’avère inopérant. A l’issue de la bataille, les gains territoriaux s’avèrent minces. L’offensive sur la Somme a certainement contribué à affaiblir l’effort allemand sur Verdun mais il n’y a pas eu de percée décisive. 1917 sera donc une année de crise après plus de deux années et demi d’efforts des soldats.

 

Mémoires nationales

 

Les situations sont très différentes : du côté français, la bataille de la Somme a été éclipsé par le souvenir de Verdun (et ce malgré l’œuvre de Georges Duhamel, Civilisation, prix Goncourt 1918) et du côté allemand, la seconde guerre mondiale a occulté son souvenir. Il n’en est rien du côté britannique où, encore de nos jours, cette bataille occupe les mémoires : récemment, Les chemins de feu, roman de Sebastien Faulks qui se passe en partie pendant la bataille de la Somme, a été un bestseller de l’autre côté du Channel. Enfin, pour les australiens et les néozélandais, la Somme est un DES moments où leur identité nationale s’est affirmée. C’est un des nombreux mérites de cet ouvrage que de le rappeler.

 

Sylvain Bonnet

 

Philippe Nivet & Marjolaine Boutet, La bataille de la Somme, une hécatombe oubliée, Tallandier, mai 2016, 272 pages, 20,90 €

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