Madame Adélaïde, l'alter ego de Louis-Philippe

Une historienne conservatrice

 

Ancienne responsable de la rubrique cinéma de la revue La nouvelle action française et journalise à Point de vue, Dominique Paoli excelle dans la biographie : elle a déjà donné un solide portrait de l’impératrice Charlotte, épouse de Maximilien d’Autriche (dont Napoléon III fit un éphémère empereur d’Autriche). Avec Madame Adélaïde, elle revient sur la destinée de la maison d’Orléans à travers le portrait de la sœur de Louis-Philippe, après avoir déjà présenté le récit de captivité du duc de Montpensier (Tallandier, 2009), leur frère. 

 

Etre fille d’une grande maison

 

C’est avec beaucoup de brio que Dominique Paoli nous raconte la vie de la sœur de Louis-Philippe. Née de l’union de Philippe d’Orléans (petit-fils du Régent) et de Louise de Bourbon, la fille du duc de Penthièvre (descendant du comte de Toulouse, bâtard de Louis XIV), Adélaïde grandit dans une famille nombreuse mais est très vite confrontée à l’adversité : elle perd sa jumelle en 1782. La future Adélaïde (elle n’a pas encore de prénom) mettra beaucoup de temps à faire son deuil de cette sœur adorée. Comme pour le reste de sa progéniture, Philippe d’Orléans décide de confier sa fille à son ancienne maîtresse, madame de Genlis. Selon Dominique Paoli, cette femme retorse et brillante, inspirée par l’Émile de Rousseau, donnera une solide éducation à la jeune fille, avec des méthodes parfois hétérodoxes. Adélaïde, en fille de la maison d’Orléans, branche cadette de la famille Bourbon, est promise à son cousin le duc d’Angoulême : la Révolution et les intrigues de son père (le chef de la branche cadette aspire à prendre sa revanche sur son cousin Louis XVI) en décideront autrement.

 

Une personnalité exceptionnelle

 

La période révolutionnaire pousse la jeune fille, cornaquée par l’inévitable madame de Genlis, sur les routes de l’exil. Séparée de sa famille (mais protégée par Louis-Philippe), elle n’apprendra avec un an de retard l’exécution de son père car on veut ménager sa sensibilité. Deux de ses frères mourront aussi en 1807 et 1808, il ne lui reste donc plus que Louis-Philippe, sur lequel elle va reporter toute son affection. Ce dernier se marie avec une princesse de Naples, Marie-Amélie, qui va devenir une amie d’Adélaïde : on parle bientôt de trio inséparable. Surtout, elle va former un couple politique remarquable avec son frère, sachant se concilier ses royaux cousins (surtout Charles X). En 1830, c’est elle qui pousse Louis-Philippe à prendre le pouvoir : elle se dit même prête à le proclamer  Roi face aux émeutiers. Talleyrand reconnaîtra son talent et elle rendra à ce dernier  un hommage exceptionnel en venant le visiter sur son lit de mort. Madame Adélaïde décédera le 31 décembre 1847, deux mois avant la Révolution de Février, laissant un frère désemparé…Nous ne pouvons que recommander cette biographie, véritable porte d’entrée sur la période de la monarchie de Juillet et sur une famille, les Orléans, qui a marqué  (pour le meilleur et pour le pire) l’histoire de la France.

 

Sylvain Bonnet

 

Dominique Paoli, Madame Adélaïde, Perrin, mai 2016, 350 pages, 23 €

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