Génération Star Wars, La chronique illustrée de 30 ans d’aventures

Et la Force fut.


L’avantage de posséder une blanche chevelure est d’avoir vécu des expériences que les blancs-becs vous envient. Le 19 octobre 1977 à 14 heures je me trouvai dans une salle de cinéma pour assister à la première projection dans ma ville de La Guerre des Etoiles (étrange traduction d’un titre au pluriel inversé, Star Wars). En franchissant l’Atlantique certains personnages avaient changé de noms : Darth Vader devenant Dark Vador, Han Solo bretonnisant en Yan et C3-PO prenant du grade en Z6-PO ! Le film étant sorti depuis près de cinq mois aux Etats-Unis, quiconque s’intéressait un tant soit peu au cinéma savait qu’il s’agissait d’un « phénomène ». Du moins c’est ce qu’affirmaient les médias. Qui, pour une fois, ne se trompaient pas. Bien calé dans mon fauteuil je m’attendais à tout sauf à cela. Je pris une claque. Et une sévère. Dès les désormais légendaires premières secondes, je compris qu’il s’agissait d’autre chose. Une expérience inédite. Et magnifique. Je n’étais pourtant pas féru de film de science-fiction mais celui-là était à part. Mélange de film d’aventure, de western et de film de cape et d’épée, agrémenté d’effets spéciaux exceptionnels. J’en fus tellement scotché que, sans quitter ce même fauteuil, je restai trois séances consécutives (eh oui, à l’époque on avait le droit). Et je devins adepte de la Force, entamant un bouche à oreille qui poussa tous mes amis à se payer un voyage dans l’espace (non, ce n’est pas moi qui ait envoyé les 6 millions de spectateurs français dans les salles).


Par la suite, bien entendu, j’ai visionné sans attendre les deux autres épisodes de cette première trilogie. Plus tard, j’ai eu le droit à des projections de presse (donc, bien avant le reste du public !) de la deuxième trilogie. Je dois confesser que mon enthousiasme s’est à chaque fois émoussé. Impossible de recréer la magie du premier impact. Je ne suis pas fan de la deuxième trilogie (qui est la première dans la chronologie voulue par George Lucas !) et j’ai carrément boycotté le dessin animé sorti sur grand écran.


Il n’en demeure pas moins que j’appartiens à la première génération Star Wars. N’ayant pas que cela à faire, je n’ai pas suivi de près le développement de cet empire créé par Lucas. Je parle de l’empire financier et créatif. Et ce livre vient combler mes lacunes. Car depuis 1977, il n’a cessé de prendre de l’ampleur. On connait les films, bien sûr, mais on a tendance à oublier tout le reste. Or ce reste est colossal : des produits dérivés, des jeux, des livres, des jeux vidéo, des attractions (l’incontournable Star Tours de Disneyland que j’ai dû faire une centaine de fois), etc. Cet empire-là ne s’est jamais arrêté et a connu développement et succès qui font irrésistiblement penser à l’empire Disney. Un empire qui s’apparente à celui du roi Midas (pas celui des pots d’échappement). Tout, ou presque, ce qu’il a touché s’est transformé en or. Pour exemple, en 2006, « la sortie de l’Episode III » a engendré plus de 3 milliards de ventes de produits dérivés » (p 269). Lucas n’étant pas l’oncle Picsou, il n’a cessé de faire des dons, y compris un de 150 millions de dollars pour l’université UCLA où il fit ses études, et professa.


Dans l’introduction du livre l’un des auteurs, Ryder Windham, écrit : « Aujourd’hui, la saga a pris une place si importante dans notre culture et notre société que les faits historiques semblent refléter son influence, tout autant qu’ils ont à l’origine inspiré sa genèse. Générations Star Wars place la série dans ce fascinant contexte, en juxtaposant les dates clefs de son histoire à celles de du monde contemporain. »


C’est exact mais en partie. L’ouvrage reprend l’histoire de l’empire Star Wars année par année, mois par mois, en citant en exergue quelques faits marquants de son époque. Mais, dans l’ensemble, il s’agit surtout de narrer toutes les ramifications nées de l’idée d’un jeune cinéaste visionnaire. A lire ce livre, on voit véritablement l’empire s’épanouir dans bien des domaines, ramassant des monceaux de récompenses d’un côté et explorant des régions inexplorées (l’équipe de Lucas fut toujours à la pointe de l’évolution technologique) de l’autre. Au passage on voit apparaitre un certain Indiana Jones, autre enfant de Lucas, mais aussi le système THX qui a révolutionné le son dans les salles de cinéma.


Le tout est présenté sous forme de notules illustrées. Textes courts mais suffisants pour apprécier et partager l’ampleur du phénomène. Illustrations originales et souvent inédites (surtout pour le public français qui est très loin d’avoir été submergé par la vague Star Wars, à la différence de son homologue américain). Le cinéphile n’y apprendra pas grand-chose sur les six films, mais il existe bien d’autres livres et des myriades de bonus vidéo pour assouvir sa curiosité. Quant au collectionneur, il restera bouche bée devant l’étendue de tout ce qui existe autour de Star Wars.

A signaler ce que j’appellerai un double bug éditorial au bas de la page 158 et en haut de la page 159. Sans doute un coup de Dark Vador.


Ce livre est la version augmentée et mise à jour de l’édition sortie en septembre 2011.


Philippe Durant


Alex Allan (sous la direction), traduction de Christian Vair et Paul Jimenes, Génération Star WarsLa chronique illustrée de 30 ans d’aventuresEd Hors Collection, 328 pages, octobre 2012, 32,50 €

1 commentaire

Le nombre de forum et site spécialisé sur cette saga est impressionnant. Mais entre deux délires de fan on apprend quand même que R2-D2 a ainsi été nommé car le mouvement des lèvres de ce nom français correspond parfaitement à celui de C3-PO du nom anglais original...