Louis de Funès, destin de légende

Louis de Funès nous a quittés voici trente ans. Une sacrée perte pour le cinéma comique français. Même si ce brave Louis a terminé sur Le Gendarme et les gendarmettes. Il méritait mieux. Depuis sa mort, chacun y va de son «meilleur film ». La Grande vadrouille ? Les Aventures de Rabbi Jacob ? Le Corniaud ? La Soupe aux choux ? Fantômas ?... Le choix est vaste. Personnellement, je vote pour Oscar que je ne me lasse jamais de regarder. Louis y est exceptionnel et le réalisateur Edouard Molinaro a su insuffler un rythme qui ne mollit pas sur toute la durée. Ce film est aussi un bel hommage au talent explosif de notre vedette nationale.


L’acteur ayant été décrié en son époque, il y eut peu de livres de son vivant. Signalons un De Funès dû à Robert Chazal sorti en 1976. Mais, depuis, les biographes se sont rattrapés. A juste raison. Ma maigre bibliothèque compte six ouvrages dont les sous-titres vont du Berger des roses à Jusqu’au bout du rire en passant par le plus prosaïque Une légende. Pourquoi une telle profusion ? Parce de Funès fait vendre ! Eh oui, non seulement les rediffusions de ses films sont des cartons assurés au box-office (voir les 6 millions récemment obtenus par Rabbi Jacob !) mais, de plus, les livres le concernant atteignent des scores plus qu’honorables. Merci Louis.


L’anniversaire de son décès (pourquoi célèbre-t-on toujours les décès et jamais les naissances ?) est l’occasion de nouveaux ouvrages. Dont celui-ci. Présenté et préfacé par Henry-Jean Servat, gage de qualité. Lequel Servat soutient que Louis ne tourna que dans des navets, avant d’exploser dans La Traversée de Paris, ce qui n’est pas très aimable pour messieurs Guitry, Verneuil, Allégret, Decoin et consorts.


Cet ouvrage constitue un survol de la carrière de Louis – ce que je dénomme « une piqure de rappel » - pimenté de quelques courtes digressions sur sa vie privée. Même sa liaison avec Macha Béranger (« le couple illégitime le plus officiel du Tout-Paris de l’époque », p 94) est évoquée en quelques lignes. Surtout, le strict respect chronologique permet de revoir les étapes. Car, tout le monde le sait désormais, Louis partit de tout en bas pour arriver tout en haut. Des rôles proches de la figuration puis des prestations éclairs, des seconds rôles, etc. A cela s’ajoutent le théâtre et le cabaret. Tout y est. Ou presque. Les inconditionnels peuvent s’étonner que l’auteur fasse l’impasse sur Jo qui contient pourtant quelques scènes brillantes.


Au bout de ce fastidieux mais entêté périple brilla la consécration. Une consécration qui, trente ans plus tard, continue de briller. Pourquoi Louis de Funès est-il toujours tant apprécié alors que des comiques de la trempe de Bourvil, Fernandel, Raimu sont plus ou moins oubliés ? Le livre n’a pas pour vocation de répondre à cette question dont la réponse reste à la sagacité du lecteur…


Ce destin de légende est agrémenté de bon nombre de photos qui ne peuvent que rappeler des souvenirs au lecteur-spectateur.


Philippe Durant


Marc Lemonier, Louis de FunèsHors Collection, "Destins de légende",  janvier 2013, 110 pages, 13,90 €

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