"Petit dictionnaire du western" : en route pour l'aventure !

Voilà des années que j’envisage d’écrire un dictionnaire du western (ma dvdthèque s’enorgueillit de plus de 500 titres). Et puis, le temps, la fainéantise, les ravages de l’alcool… bref je n’ai jamais concrétisé ce projet. Or, voilà qu’arrive le livre d’Alexandre Raveleau. C’est bien fait. Bien fait pour moi et bien fait par lui. Car ce dictionnaire n’est pas si « petit » que cela puisqu’il compte 250 entrées réparties sur 300 pages.

J’ai la faiblesse de croire que le western est le genre fondateur du cinéma, bien plus que le drame, le polar ou la comédie. Ce genre a non seulement marqué des générations de cinéastes et de spectateurs mais également laissé son empreinte dans une foultitude de films. J’avais dit à James Cameron que son Avatar reposait très précisément sur une histoire westernienne. Il m’avait envoyé rebondir m’affirmant qu’il détestait les westerns ; ce qui n’est pas à son honneur. Il n’en demeure pas moins que son film est un western futuriste (je peux le démontrer !). George Lucas, de son côté, n’a jamais caché que La Guerre des étoiles est un western de science-fiction. Avec, en prime, l’inévitable scène de saloon !

Il est donc nécessaire de se repencher à intervalles réguliers sur ce genre qui a influencé quasiment tous les autres. Les livres français sur le western sont rares, autant profiter de ceux qui paraissent.

Celui-ci se présente, donc, sous forme de dictionnaire. Avec trois groupes distincts : les films, les thèmes (saloon, Mexique, whisky…) et les acteurs/réalisateurs. Seul le premier est vraiment intéressant. Les deux autres n’apportent pas grand-chose. Les notices sur les personnalités qui ont façonné le western sont trop brèves pour apporter un vrai plus. Les thématiques ont été mieux traitées dans un livre collectif de référence paru il y a bien longtemps et intitulé Le Western !

Restent les films. Le véritable intérêt de cet ouvrage. Raveleau table large : il s’intéresse autant aux films américains qu’à leurs homologues italiens et même français (Les Pétroleuses, Une corde un colt…). Sans doute parce qu’il a plus grandi à l’ombre des productions transalpines qu’à celle venues du nouveau monde, il manifeste un plus grand intérêt pour les films made in Italie. Les puristes feront la moue, ils auront tort.

Film par film, on retrouve l’univers flamboyant du western, beaucoup plus riche que ses détracteurs n’ont voulu le faire croire. Raveleau présente chacun d’eux avec une fiche technique, un court résumé, et, surtout, donne son avis de spécialiste. Il a vu, il a (plus ou moins) aimé. Il l’écrit en toute franchise sans céder aux sirènes de l’intellectualisme. De ce fait, ses choix et ses critiques sont partisans. Et c’est tant mieux. Personnellement j’apprécie beaucoup Major Dundee et je trouve indigeste La Porte du paradis (quelle que soit la version proposée). Pas lui. Peu importe.

Respectons les choix de l’auteur même si on peut s’étonner de certains manques. Celui d’Autant en emporte le vent, par exemple, le plus célèbre de tous les westerns (car oui c’est un western !). Sans parler de Soldat bleu ou du Shérif est en prison. Mais il y en tellement… S’étonner aussi de la présence certains films qui n’ont rien à faire là (Sous le plus grand chapiteau du monde…).

Pour le reste, les avis sont pertinents, étayés. L’auteur a parfois tendance à inclure des résumés dans son commentaire ou à faire appel à des critiques d’époque qui ne servent pas à grand-chose. Il a aussi tendance, et c’est plus regrettable, à se répéter. L’explication du « sur-western » d’André Bazin revient presque à chaque page. Pas la meilleure trouvaille de Bazin. Mais nul n’oblige le lecteur à tout lire d’un trait. Comme il s’agit d’un dictionnaire on y picore au gré de ses envies. Et en bon dictionnaire, il grouille d’informations qui permettent de mieux apprécier voire de mieux comprendre tous ces films.

S’il ces petites scories avait été gommées, il serait devenu un ouvrage de référence. Mais il n’en est vraiment pas loin. C’est l’œuvre d’un passionné qui sait ne pas être fanatique, le travail d’un érudit qui sait mettre en valeur les bonnes infos.

Il ne reste plus à ce « petit » dictionnaire qu’à devenir grand c’est-à-dire à inclure tous les westerns diffusés en France. Un travail de titan. Ou de pionnier, à l’image de ces aventuriers qui traversèrent le continent de part en part pour défricher des terres nouvelles.

N’oublions jamais que le western est bourré de philosophie : « Si je dois mourir ce soir, j’aime autant être exécuté par la main d’une jolie fille. » (Les 4 du Texas)

Vive le western. Et qu’il vive encore longtemps.

 

Philippe Durant


Alexandre Raveleau, Petit dictionnaire du Western, Hors Collection, mars 2015, 319 pages, 19€

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