"Fairy Quest - tome 2"

Il était une fois à Bois-de-Conte un royaume magique où vivaient tous les personnages des contes. Le Petit Chaperon rouge et le Loup, devenus amis pour la vie, avaient décidé de fuir le pays, pour échapper au terrible M. Grimm. Le tyran obligeait en effet les habitants à réciter jour après jour leurs textes tels que dans les contes. Mais pour quitter Bois-de-Conte et rejoindre Vrai-monde, Lou et Chap' devaient retrouver le Cartographe, seul personnage capable de leur montrer la route. À leurs trousses, M. Grimm et ses sbires se démenaient pour remettre la main sur les fuyards...


Depuis quelques années, les comics inspirés par les contes d'enfants formeraient presque un genre à part entière : on y trouve le meilleur (Fables, vivement conseillé) comme le pire (les démarquages érotiques de Grimm Fairy Tales chez Zenescope). Le cinéma et les séries tv ne se sont pas privés pour utiliser eux-aussi ces personnages : le récent Cendrillon de Kenneth Branagh, Into the Woods, Maléfique, La Belle et la Bête, Once Upon A Time, Grimm…On peut imaginer plusieurs raisons à cette récente popularité : tout le monde a lu ces histoires pendant son enfance, mais surtout les personnages sont pour la plupart tombés dans le domaine public.


Il fallait donc que Paul Jenkins (Sentry, et Inhumans chez Marvel tout de même) apporte quelque chose de neuf pour se démarquer de la concurrence. La belle idée de Fairy Tales c'est de présenter des personnages de conte de fée littéralement enfermés dans leur rôle, comme fait prisonniers de stéréotypes ancestraux par l'infâme méchant de service, M. Grimm donc, la référence n'aura échappé à personne. Fairy Quest raconte donc l'histoire de deux personnages qui veulent échapper à leur condition, à une vie toute tracée. On peut presque y voir comme une métaphore sur la manière dont le public perçoit ces personnages.


Évidemment, l'aventure est semée d'embûches. Et évidemment, Paul Jenkins s'amuse à détourner des personnages que l'on connaît bien, se joue des stéréotypes. Entre ses mains, par exemple, Raiponce devient une petite fille morbide, complètement folle après toutes ses années enfermée dans sa tour ; le troll géant révèle une gentillesse tout à fait inattendue. Une bonne partie du plaisir vient de ce jeu permanent entre ce que le lecteur connaît des contes et le détournement qu'en font les auteurs.


Humberto Ramos, le dessinateur, est un habitué des comics de super-héros. Il a dessiné les plus connus, des X-Men à Spider-Man. Le moins que l'on puisse dire, c'est que son style a énormément de caractère : Ramos est un artiste qui laisse rarement indifférent. Ici, dans un registre inhabituel, sous ses personnages mignons tout plein , on sent perler comme une douce folie. Un sentiment contradictoire qui sied parfaitement au ton de l'album : trop lugubre pour être lu aux tout petits, mais pas assez dur pour le réserver uniquement aux adultes.


C'est dans ce bel entre-deux que ce tome 2 de Fairy Quest puise ses qualités. Une jolie découverte dont on attend la conclusion dans un troisième tome qui se devra de confirmer ces belles intentions.



Stéphane Le Troëdec




Paul Jenkins (scénario), Humberto Ramos (dessins)

Fairy Quest, tome 2 : Les parias

Cet album compile les épisodes 1 et 2 de la série Fairy Quest : Outcast publiée aux USA par Boom ! Studios.

Édité en France par Glénat Comics (29 avril 2015)

Collection Grafica

56 pages

13,90 euros

ISBN : 9782723494472

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