Si les faits sont vrais, ce livre est une fiction : "Léonard de Vinci, Posthumes", de Nadeije Laneyrie-Dagen

Si les faits sont vrais, ce livre est une fiction. Car, quoi de mieux que la fiction pour en dire plus sur une époque qu’une monographie érudite mas ennuyante ? Les faits sont donc avérés, les personnages authentiques, l’emploi du temps respecté. De quoi s’agit-il, alors ? Entre 1516 et 1519, Léonard de Vinci passe les dernières années de sa vie à Amboise, auprès de François 1er. C’est par ce voyage que sont arrivés jusqu’à nous la Joconde et la Sainte Anne. Il serait mort dans les bras du roi, nous dit la légende...
Mais par ailleurs, que sait-on du séjour en lui-même ? C’est là le sujet du livre qui va répondre à quelques questions essentielles. Pourquoi quitte-il Rome et sa patrie à jamais alors qu’il est le favori des princes, de Florence et Milan ? Il est âgé et malade, et la traversée des Alpes n’est pas une sinécure à cette époque. Quel chemin prit-il ? A-t-il fait de mauvaises rencontres ?
Car personne n’a oublié que cette époque et celle des guerres d’Italie que mène la France. C’est Marignan, c’est François 1er qui fit entrer la France dans la Renaissance...

Quand Léonard de Vinci arrive à Amboise, le roi est encore un jeune et grand garçon à la barbe rare. Il ne fait que débuter son règne et c’est aussi un jouisseur qui aime manger et la compagnie des femmes. Mais il est aussi un homme d’Etat qui veut faire de son royaume un foyer de culture raffiné. Le Roi Très Chrétien est aussi un homme inquiet. En 1517, le moine allemand Martin Luther publie 95 thèses qui fondent la Réforme.
La fin du monde est-elle proche, comme le disent certains ?

Ainsi donc tout est vrai dans ce livre, sauf une hypothèse de départ : la traversée des Alpes se serait mal passée. Une caisse a été perdue, celle qui contenait la Sainte Anne avec la Vierge, l’Enfant Jésus et l’Agneau, aujourd’hui présent au Louvre. Une uchronie pour s’amuser à tenter de découvrir pourquoi nous avons aujourd’hui plusieurs versions du tableau. Si ce n’est parce que les assistants se seraient empressés de le repeindre ?

Avec cette idée de départ, Nadeije Laneyrie-Dagen nous entraîne dans les secrets de fabrication du grand Léonard. On y découvre aussi pourquoi, en plus de la Joconde que l’on connaît, il exista une version où la femme était nue. On visite des fêtes aux automates créés par Vinci, on va d’Amboise à Cognac, de Romorantin au Havre...
Une plongée historique et picturale du meilleur effet, un dépaysement garanti.

Annabelle Hautecontre

Nadeije Laneyrie-Dagen, Léonard de Vinci, Posthumes, coll. "Ateliers imaginaires", avec des dessins inédits de Marc Desgrandhcamps, Scala, mars 2012, 336 p. - 23,00 €    

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