Henry Bauchau et "L’Enfant rieur"

Estampillé récit ce pourrait bien être, aussi, une tentative de biographie. Cela démarre sur les chapeaux de roue. L’enfant du miracle narre par le menu détail l’incendie de Louvain, en août 1914. Informations glanées en écoutant la mère, caché sous la table, quand elle tricotait. Conversation avec la grand-mère. Puis il y eut la montée du nazisme. Et cette Seconde guerre mondiale qui modifia définitivement la donne. La vie ralentie de la bourgeoisie s’évapora. La guerre déchira la rire de l’enfance. 

Henry Bauchau en fut contrarié. Mais cela aussi semble lui avoir forgé le caractère. Donné une volonté puissante. Se jouant de ses propres déboires il alla de l’avant. On retrouve toute la fougue de ses autres livres dans cette écriture de l’espoir. Folie d’alors qui allait le conduire vers l’action.


Jouant des antiphrases et parlant parfois de lui à la troisième personne, Bauchau a créé un "personnage" pour ne pas, écrit-il, lui imposer son moi actuel, qui depuis lors a tant vécu... Mais n’allait pas vous attendre à lire un roman. C’est une tentative d’approche de la réalité. Le miroir d’une vie. Le décompte des vicissitudes d’une époque.
Une entreprise qui devra, à terme, englober son récit de vie et qui viendra compléter les volumes du Journal. Formant alors son Grand Œuvre.
À l’orée de ses cent ans, Bauchau fait le grand écart entre le vieux sage qu’il pourrait bien incarner, et l’auteur à succès qu’il est devenu sur le tard... On s’amuse à le voir secouer le piédestal sur lequel certain l’ont positionné, comme si avant d’écrire il n’était rien... Reste une sérénité affichée dans une langue classique.


Annabelle Hautecontre


Henry Bauchau, L’Enfant rieur, Actes Sud, "Domaine français", novembre 2011, 330 p. - 22,00 €    

Aucun commentaire pour ce contenu.