Henry James dans la Pléiade, "Nouvelles completes, tome III (1888-1898) & tome IV (1898-1910)"

Le Maître de la nouvelle


Incontestablement. Incontesté. Henry James est LE maître de cet art littéraire. Colm Tolbin l’a magnifiquement décrit dans son roman. Henry James qui n’hésitait pas à faire appel aux avantages de son temps. L’américain est pragmatique. Ainsi n’hésita-t-il point. Face aux douleurs que lui procurait sa main il décida de prendre secrétaire. Voire sténotypiste. "Henry découvrit que la pratique de la dictée convenait à la fiction autant, sinon plus, qu’à l’art épistolaire.


Car il écrivait beaucoup monsieur James. Entre 1864 et 1910, cent douze nouvelles virent le jour... La plupart publiées dans des magazines américains. Avant d’être regroupées par thèmes pour paraître en recueil. Le choix fait par les éditeurs français qui font paraître les deux derniers volumes (4 tomes en tout), s’est porté sur un ordre chronologique. Avec de nouvelles traductions.


Les vingt-huit nouvelles réunies dans le volume III datent de juin 1888 à février 1898. Il a été pris l’habitude de diviser l’œuvre en quatre périodes. Celle de l’apprentissage (1864-1880), l’époque médiane (1880-1890), l’expérimentale (1890-1900) et la phase majeure (1901-1914). La Pléiade propose aux lecteurs une préface qui analyse les mérites et limites de cette classification. Car, si elle présente l’avantage de la clarté et rend compte des temps forts du développement de l’esthétique de James, elle minimise la complexité de l’œuvre. 


Car il n’y a pas que l’évolution de la production romanesque à étudier chez Henry James. Bien au contraire. N’oublions pas l’épisode désastreux de sa pièce de théâtre. Le 5 janvier 1895, Guy Domville est joué. C’est un four. En face, un certain Oscar Wilde lui dame le pion. Humilié, Henry James quitte Londres. Point de roman pendant cinq ans. Mais des nouvelles comme s’il en pleuvait... L’Elève et Le Motif dans le tapis, notamment... Qui marquent un tournant. L’oralité s’invite dans le style. Décuple les détours de la prose. Renforce le rythme et la musique. Favorise l’emploi d’expressions familières. Ouvre la porte à la métaphore... Satire des mœurs et psychologie des profondeurs se conjuguent dans les histoires d’artistes.
Quant à l’histoire de fantômes, elle fait son retour et se libérant des références américaines, le conte surnaturel à la Hawthorne.


L'ensemble de la période couverte par le volume IV est marquée par une créativité exceptionnelle. En dix ans, Henry James publia une trentaine de nouvelles... et cinq romans. Dont les trois plus importants de son œuvre, Les Ambassadeurs, Les Ailes de la colombe et La Coupe d’or. On trouvera dans ce dernier opus, trois des nouvelles les plus connues. Le Trou d’écrou, La Bête dans la jungle et Le Coin charmant. Qui répondent à son projet romanesque : aborder divers sujets tels que les histoires de fantômes, les quêtes métaphysiques, les paraboles du destin, les drames mondains, les crises intimes. Comme pour les romans, elles rendent sensible la recherche constante d’une science de la composition. Elles s’articulent autour de trois axes : architecture, distribution, proportion. 


Et durant ces dix années il écrivit aussi des essais sur Balzac, Flaubert, Zola, George Sand et Shakespeare !
"
Perceptible dans l’œuvre tout entière, la prédilection de James pour les symétries, contrastes, chassés-croisés et renversements en miroir est particulièrement manifeste dans les formes brèves de cette période, où prédominent, plus nettement que jamais, les structures binaires associant aux effets de miroir diverses possibilités de dédoublement ou de duplication", nous précise Evelyne Labbé. En effet, le maître de la nouvelle n’aime rien d’autre que laisser aller sa pensée. Histoire brève ou longue nouvelle publiée en feuilletons, James ne s’interdit rien. Quitte à parfois avoir des revers de fortune qui le maintenaient dans un climat d’angoisse. Mais, comme le disait Virginia Woolf en 1918, il restera une figure monumentale... indéniablement présente pour tous. 


Profitons donc de cette dernière publication. L’intégralité des nouvelles d’Henry James sont désormais accessibles. Il n’y a aucune raison de s’en priver...


Le volume III contient :
Introduction - Chronologie - Note sur la présente édition
Une vie à Londres
La Leçon du maître
Le « Patagonia »
La Solution
L’Elève
Brooksmith
Mariages
Sir Edmund Orme
Le Chaperon
Nona Vincent
La Chose authentique
La Vie privée
Lord Beaupré
Visites
Sir Dominick Ferrand
Greville Fane
Collaboratin
Owen Wingrave
La Roue du temps
Les Années médianes
La Mort du lion
Le Legs Coxon
La Prochaine Fois
L’Autel des Morts
Le Motif dans le tapis
Les Lunettes
Comment tout arriva
John Delavoy

Appendices (extraits des préfaces de l’édition de New York) - Notices et notes
Traductions par Max Duperray, Pierre Fontaney, Philippe Jaudel, François Piquet et Paul Veyriras

Le volume IV continent :
Introduction - Chronologie - Note sur la présente édition
Le Trou d’écrou
Dans la cage
Covering End
Le Cas présent
La Condition
L’ « Europe »
La Bonne Décision
Les Fausses Perles
Un lieu parefait
Maud-Evelyn
Miss Gunton de Poughkeepsie
La Personne idéale
L’Arbre de la connaissance
L’Humiliation des Northmore
La Tierce Personne
La Note du temps
Les Deux Visages
Les Ailes brisées
Mrs Medwin
Le Holbein de Lady Beldonald
L’Ombre d’une histoire
Flickerbridge
La Bête dans la jungle
La Maison Natale
Les Journaux
Le Château de Fordham
Julia Bride
Le Coin charmant
Le Gant de velours
Mora Montravers
Le Crêpe noir de Cornelia
Le Banc de la désolation
Une tournée de visites
Hugh Merrow
Appendices (extraits des préfaces de l’édition de New York, présentation du recueil « Le Grain sensible », correspondance) - Notices et notes
Traductions par Anne Battesti, Claude Grimal, Caroline Guény, Aurélie Guillain, Evelyne Labbé, Marie-Rita Micalet et Christine Savinel


Annabelle Hautecontre


Henry James, Nouvelles completes, tome III (1888-1898) & tome IV (1898-1910)Gallimard, "Bibliothèque de la Pléiade n°570 & n°571", édition publiée sous la direction d’Annick Duperray (tome III) et Evelyne Labbé (tome IV), volumes reliés pleine peau sous coffret illustré (disponibles en coffret commun), septembre 2011, 1552 p. - 62,00 € & 1808 p. - 63,00 € jusqu’au 31 janvier 2012, puis 69,50 € chaque volume (coffret 125,00 € puis 139,00 €)    

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