"Quelques minutes avant minuit", un roman graphique à lire avant l'heure indiquée...
Avant de s'endormir, Conor regarde l'if d'en face par la fenêtre. Il s'endort et se réveille en sursaut dans son lit. Il est 00h07 et il n'a pas encore fait de cauchemars.
Il s'apprête à se rendormir quand il entend frapper à la fenêtre. Lorsqu'il l'ouvre, c'est un if transformé qu'il découvre : il possède désormais un visage, des bras, des jambes et est doté de parole.
Conor, pensant être dans son cauchemar, n'est ni surpris ni apeuré. L' arbre lui explique qu'il viendra quatre nuits lui raconter des histoires. A son dernier passage, le garçon devra lui dire « la vérité ». Il sait de quoi il veut parler et tente de fermer les fenêtres. Le monstre l'attrape pour le dévorer et …
Conor se réveille finalement entier. Il en conclu que c'était effectivement un cauchemar. Il s'en persuade mais sort du lit, et marche sur un parquet intégralement recouvert d'épine d'if...
Quelques minutes après minuit est une histoire sombre, dans tous les sens du terme. Conor veut se détourner de la dure réalité (la mort proche de sa mère, le harcèlement subis à l'école, la nouvelle épouse de son père qu'il ne voit jamais...) mais l'if est là pour lui montrer que s'il se laisse aller dans le rêve, la réalité sera de plus en plus dure. En le forçant à raconter son pire cauchemar, il lui montre à quel point il est petit par rapport au événement, comme beaucoup d'autres...
Les illustrations sublimes de Jim Kay rendent l'ambiance de l'histoire un peu plus spéciale, pour le bonheur des yeux.
Très poétique et quelque peu mystérieux, ce livre n'est pas pour les âmes sensibles et en aucun cas pour les esprits fermés, c'est un très beau conte qui nous dit de ne pas fuir dans les rêves, aussi dure la réalité soit-elle.
Agathe Di Stefano
Patrick Ness d'après une idée original de Siobhan Dowd, Quelques minutes après minuits, traduction de l'anglais par Bruno Krebs, Gallimard, "jeunesse", avril 2012, 215 pages, 18 euros.
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