Ingrid Desjours vous en met plein les yeux
Hallucinant.
Si vous aimez les émotions fortes, les livres qui bousculent, les uppercuts textuels, si vous pouvez encaisser une bonne dose de machisme, une autre de violence, pas mal de sexe, le tout agrémenté de fugitifs instants de tendresse et de grâce, bref si vous adorez ne pas savoir où vous mettez les pieds alors embarquez cet extraordinaire (dans le sens premier : qui sort de l'ordinaire) thriller dans vos bagages pour l'été !
On en sort éberlué, lessivé, exsangue, sonné. Arrivée à la page 321 du livre qui en compte 333, je pensais avoir bu le calice jusqu'à la lie, j'ai donc gardé ce que je pensais être l'épilogue pépère, un rien consolant pour la fin de journée. Ah ah ah ah...que nenni, Ingrid Desjours, la traîtresse m'a achevée, hachée menue de la page 322 à la 328. Il m'a fallu un bon remontant, prévoyez-donc un petit alcool pour vous remettre, un massage apaisant et jetez toutes les poupées de vos enfants.
Si vous voulez garder votre désir intact et jouir de votre lecture, vous ne devez savoir rien d'autre que cela : les deux personnages principaux sont Marc, un flic épouvantablement machiste et Barbara une étrange jeune femme passionnée par les poupées de porcelaine. L'histoire démoniaque est extrêmement bien menée, remarquablement bien écrite ; vous croyez en saisir quelques tenants et aboutissants à mesure de la lecture mais... vous vous fourrez le doigt dans l’œil... et même très littéralement. C'est abominable et grandiose. Inimaginable.
SURTOUT SURTOUT, ne cherchez pas le résumé de ce livre , hélas on trouve une pléthore de chroniques sur le net qui dévoilent l'intrigue, déflorent tout ce que le lecteur doit prendre de plein fouet au détour des pages, et même... ici sur ce Salon Littéraire, c'est scandaleux d'ailleurs...n'est-ce pas Loïc Di Stefano, notre très cher boss.... honte à vous... vous avez de la chance que Ingrid Desjours ne se venge pas de ce dévoilement vu ce qu'elle est capable de mijoter dans sa cervelle alambiquée...brrr....gaffe à vous.
Car enfin, l'intérêt des bons polars, c' est justement de se laisser mener en bateau dans la tempête. Et là, le bateau est complètement ivre, la capitaine a décidé de couler ses passagers, inutile de prendre de la Nautamine, le lecteur sombrera et il est interdit de lui lancer une bouée de sauvetage dès le départ. Il faut qu'il sombre !
Donc, résistez à l'envie de lire la chronique du vilain Loic Di Stefano, (sorry Loïc) et résistez aussi à celle de mettre la truffe de Google sur les traces de Sa vie dans les yeux d'une poupée. Auriez-vous envie de savoir à l'avance ce qu'il y a sous la robe de la femme ou sous le pantalon de l'homme que vous avez envie de déshabiller et de découvrir ?
Bref, commandez ce bouquin les yeux fermés pour un soir d'été infernal, et dégustez à l'aveugle.
Anne Bert
Ingrid Desjours - Sa vie dans les yeux d'une poupée - Editions Pocket- 333 pages - juin 2014 - 7.30 euros
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