Abondamment Bond : Double 007 pour Guillaume Evin

Guillaume Evin se met en quatre (enfin, presque...) pour parler de 007.

 


Il est traditionnel que la sortie d’un « Bond » au cinéma s’accompagne de la publication ou de la réédition de nombreux livres analysant différents aspects de la série, mais le phénomène est d’autant plus sensible avec Skyfall que l’on célèbre cette année le cinquantenaire de James Bond au cinéma. Eh oui, il y a déjà un demi-siècle qu’Ursula Andress surgissait de l’onde avec ses coquillages, et accessoirement son blanc bikini.


Guillaume Evin avait déjà publié il y a quelques années un Goldmaker consacré essentiellement aux aspects financiers de l’entreprise Bond. He’s back, ce qui ne surprendra personne, mais se distingue du reste du peloton en proposant, non pas un livre, mais deux. Il ne s’agit pas tant pour lui de multiplier ses chances de gagner le jackpot — les livres sur Bond ont des tirages ridiculement modestes quand on les compare à ceux des romans originaux de Fleming — que d’aborder la question de deux manières différentes, l’une drôle, l’autre nettement plus sérieuse, et ce double « parcours » a sa pertinence : il témoigne de la vanité des discussions byzantines sur l’authenticité relative des films par rapport à ce qui serait l’esprit original de Bond au cinéma. Depuis les débuts, depuis Dr. No, Bond a mêlé sur le grand écran humour et sérieux. Même quand une scène était réaliste, elle se concluait souvent par une réplique ou un « gimmick » qui lui ôtait sa tonalité initiale. Bond écrasait par exemple à coups de savate un scorpion indubitablement très mortel, mais le faisait au rythme des cuivres de John Barry.


Bref, ceux qui trouveront que le Dico secret de James Bond est trop rigolo n’auront qu’à se rabattre sur James Bond est éternel, et inversement. Mais il n’est évidemment pas interdit — il est même conseillé de lire les deux ouvrages.

 

— Quand exactement avez-vous découvert Bond au cinéma ?

Guillaume Evin <> Je suis né l’année des Diamants sont éternels. Mon premier « Bond » au cinéma a été Dangereusement vôtre. Avec le recul, je trouve le clin d’œil assez savoureux : j’ai débuté par le plus mauvais film de la série !

 

— Votre bondophilie est-elle essentiellement cinématographique, ou avez-vous aussi une bonne connaissance des romans originaux de Fleming ?

Je suis bondologue version cinéma. J’ai lu ensuite quelques romans de Fleming pour les « comparer » avec leurs adaptations à l’écran. Mais pour moi Bond demeure avant tout une icône du cinéma.

 

— Vous sortez deux livres en même temps. Certes, il faut battre le Skyfall tant qu’il est chaud, mais vous violez ainsi un sacro-saint commandement hollywoodien : Never compete with yourself.

Les deux ouvrages ne sont pas de la même nature. L’un, le Dico secret de James Bond, se veut rigolo. C’est une approche ludique de la saga 007. A côté des caricatures originales de mon ami Gega, je propose un quiz et mon carnet de notes de la série, en notant de 1 à 10 tous les films. L’autre, James Bond est éternel, préfacé par Roger Moore, avec un cahier de photos n&b et couleur, dont certaines assez originales, entend être un ouvrage de « référence », l’idée étant de couvrir les cinquante ans de la franchise à travers cinquante histoires.

 

— Votre Dico (publié chez Hugo & Cie) se retrouve dans une collection qui le place à côté d’un Dico Audiard. Ce n’est pas à proprement parler un sacrilège, mais ce mélange des genres n’est-il pas un peu gênant ?

 Non, puisque, au cinéma, la série a d’emblée cultivé la carte de l’humour. Bon nombre de réparties dans les « Bond » n’auraient pas déplu à Audiard.

 

— Vous vous livrez dans ce Dico à certaines provocations : l’article Fleming ne doit pas dépasser trois lignes. Le producteur Harry Saltzman n’a guère plus de surface. A qui s’adresse exactement cet ouvrage ?

Il plaira, j’espère, aux néophytes, aux passionnés de cinéma en général et forcément aux fans bondiens, qui veulent, de toute façon, tout posséder !

 

— A quoi avez-vous dû renoncer dans ce Dico ?

A une foule de choses… que je réserve pour la prochaine édition.

 

— Quel a été l’article le plus difficile à rédiger ? Celui qui vous a donné le plus de plaisir ?

Le plus difficile ? Sans doute celui sur James Bond lui-même, car il y avait tant à dire… Mon préféré ? Tous ! Je n’en renie aucun.

 

— Comment avez-vous travaillé avec le caricaturiste ? A-t-on le droit de dire que ses dessins sont inégaux ? Et est-il possible de caricaturer les James Bond Girls, par définition parfaites ?

J’ai proposé au dessinateur une liste de dessins incontournables, puis il a ajouté sa patte. A mon sens, il a merveilleusement croqué les méchants (Goldfinger, Dr. No, Jaws…), et peut-être un peu moins bien, oui, certaines girls (Ursula Andress, Honor Blackman). Mais allez donc massacrer subtilement de telles beautés !

 

— Quand vous n’écrivez pas sur James Bond, vous écrivez sur…

…le cinéma et la politique. (1)

 

— En quelques mots, que pensez-vous de Skyfall ?

Déjà un futur classique au palmarès. Un très bon « Bond » ! Le meilleur de Daniel Craig (encore que Casino Royale…) Trois grosses faiblesses (girls écourtées, duel final en Écosse qui s’éternise et sort des canons bondiens, sentimentalisme du personnage lié au piège nostalgique du cinquantième anniversaire). Mais j’ai envie de le classer en cinquième ou ou sixième position dans l’ensemble de la série.

 

Propos recueillis par FAL


Guillaume Evin

  • Le Dico secret de James Bond, Hugo & Cie, septembre 2012, 12,95 euros
  • James Bond est éternel, Editions du Moment, septembre 2012, 18,50 euros

(1) Guillaume Evin a publié Je n'aime pas les riches aux Editions du Moment

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