Isabelle Alexis : « C’est un luxe de ne pas avoir besoin de mentir »



 

Qui n’a pas rêvé de vivre la vie d’un autre ? Scénariste, romancière, Isabelle Alexis ne manque pas d’imagination. Aurélie vient de perdre son job et son fiancé. Elle monte à Paris retrouver son frère, s’inscrit sur Facebook en se faisant passer pour une journaliste qui lui ressemble. Ravie de sa nouvelle identité, elle réussit à obtenir une interview d’un jeune champion de tennis et tombe amoureuse de lui… Seul hic, la vraie journaliste rentrera de voyage et s’apercevra du pot aux roses. On pense à Match point, de Woody Allen, cette histoire d’un prof de tennis qui se fait embaucher dans un club huppé et séduit une jeune femme, avant d’épouser par intérêt Chloé… Isabelle a choisi de traiter de la supercherie par la comédie. Ses descriptions du monde de la presse et du tennis sont particulièrement réussies. Dialogues enlevés, personnages attachants, rebondissements : presque un film.

 

D’où vous est venue l’idée de cette comédie ?

Je voulais raconter une histoire avec un champion de tennis et deux filles qui lui tournent autour comme des vautours.

 

Ce genre de situation – jouer la comédie en mentant sur votre métier – vous est-il arrivé ?  Connaissez-vous des personnes qui l’ont fait ?

Heureusement que non ! Un petit mensonge qui fait boule de neige pour vous plonger dans des situations inextricables, c’est un ressort de comédie pour moi, rien de plus. On peut s’amuser avec ça, c’est jubilatoire. Dans la vie, je ne mens pas. Je n’en ai pas vraiment besoin. Sur quoi ? Pourquoi ? C’est un luxe de ne pas avoir besoin de mentir.

 

Parlez-nous d’Aurélie, de son caractère, de ce qui la motive.

Aurélie est une fille modeste, plutôt ordinaire qui va se retrouver dans une situation extraordinaire et s’adapter à un nouveau monde et à de nouveaux milieux avec une grande habileté. Savoir s’adapter en toute circonstance, c’est aussi une forme d’intelligence.

 

Y a-t-il un peu de vous chez elle ?

Cette héroïne-là, je l’ai soignée. Les filles dans mes précédents livres étaient plus déjantées. Celle-là l’est moins, en apparence... Même si elle a tout de même pas mal de fantaisie. Au départ, elle est plutôt mélancolique, introvertie, gentille. Elle devient manipulatrice, hyper déterminée et beaucoup plus extravertie. Mais elle obtient ce qu’elle veut malgré toutes les embûches. Je me suis beaucoup amusée avec elle. Et avec « La méchante » aussi !

 

Qu’est-ce qui l’attire chez un champion de tennis ?

Mon Thomas, c’est le héros romantique par excellence des années 2010. Il a 25 ans, il monte très vite dans le tennis professionnel, il est beau et gentil, mais il est aussi blindé à la testostérone. C’est un guerrier au poing levé sur les cours. Pour Aurélie, il représente un autre monde quand elle le rencontre. Un monde passionnant aussi...

 

Comment réagit-elle lorsque la vraie journaliste revient ?

Aurélie a pris sa place à la suite d’un concours de circonstances. Entre temps, se faisant passer pour Connie, elle tombe amoureuse. Quand la vraie journaliste revient et apprend ce qui s’est passé, c’est la panade absolue pour Aurélie. Ce qu’elle ressent, c’est de la honte surtout. Elle ne sait plus où se mettre, c’est normal. Surtout que la vraie Connie, loin de lui pardonner, va la mettre plus bas que terre...

 

Êtes-vous une adepte de Facebook ? Votre avis sur ce réseau social ?

Oui, j’y suis. J’aime bien. Je trouve ça intéressant. Je lis les articles que mes amis postent. J’y passe sûrement trop de temps. Je trouve qu’on découvre et redécouvre les gens sur FB, enfin pour ceux qui sont très actifs en tout cas...

 

Vous êtes-vous déjà fait piéger ?

Non, je ne pense pas; je crois qu’un Fake se voit et se sent assez vite. Autant faire une page fan, c’est plus simple et honnête.

 

Comment avez-vous écrit ce scénario ?

Cette histoire-là est construite comme une comédie romantique. Mon héroïne organise, subit et contre-attaque. Au départ, tout se passe comme dans un rêve, puis la réalité la rattrape et lui tape sur l’épaule. Elle est démasquée, obligée d’avouer et de fuir. Par la suite, elle doit se lancer à la reconquête de son rêve.

 

Avez-vous l’intention de l’adapter au cinéma ?

Je pense que ça pourrait faire un joli film.

 

A quels auteurs vous apparentez-vous ?

En ce moment, je suis en train de lire le Dictionnaire amoureux de l’humour, tous les auteurs qui sont cités sont des maîtres pour moi. Depuis toujours, je suis en adoration devant Sacha Guitry, Michel Audiard, Jules Renard et Woody Allen. 

 

Quels sont vos films préférés ?

Il y en a énormément. J’aime le vent de liberté et de fraîcheur qu’on sent dans la Nouvelle Vague, en même temps, j’adore les plans très cadrés et très étudiés d’Alfred Hitchcock. J’aime aussi beaucoup les comédies policières de Chabrol, les grandes fresques historiques de Guitry. Dernièrement, j’ai acheté Django Unchained de Tarantino dont j’adore tous les films. Encore un bon petit choc.

 

Vos acteurs fétiches ?

En ce moment, c’est Michael C. Hall dans la série Dexter, Shemar Moore dans la série Esprits Criminels, Mark Ryder dans la série Borgia.

 

Les animateurs ou animatrices télé que vous appréciez ?

En fait, je regarde surtout les chaînes Infos, des documentaires ou alors les séries sur Canal. Yves Calvi avec son émission sur France 5, C dans l’air est vraiment bien. On apprend des choses avec lui. Je regarde Un jour Un destin sur France 2. Sinon, j’aime bien Stéphane Bern et ses Secrets d’Histoire.

 

Vos hobbies ?

Le tennis et le poker.

 

Vos projets de vacances ?

Le Sud et le soleil enfin ! Je vais chaque année à Hyères et là j’avoue que j’ai hâte de refaire le tour de Porquerolles en bateau. C’est un endroit où je me sens bien.

 

Vos mets favoris ?

Tomates mozzarella. Toute la cuisine italienne dont évidemment, les pâtes et les pizzas. Je pourrais me nourrir que de ça.

 

Les auteurs d’aujourd’hui qui vous agacent ?

Écrire est un métier très dur et particulier. J’ai plutôt tendance à défendre les autres auteurs qu’à les attaquer. Il y a suffisamment de gens détestables ailleurs. J’aime les gens passionnés, je voudrais découvrir des virtuoses en musique classique par exemple... Quand on voit que la télévision ne nous propose que des têtes pleines d’eau de la télé-réalité, on a la nausée...

 

La promo d’un livre est-elle difficile aujourd’hui ?

Je pense que oui. Lire un livre demande du temps et aujourd’hui, les journalistes sont sollicités de partout. Ils manquent de temps...  Heureusement que vous êtes là, ma chère Emmanuelle. Vous qui êtes romancière, vous savez ce que c’est !

 

Propos recueillis par Emmanuelle de Boysson (mai 2013)

 

Isabelle Alexis, Ta vie est belle, Flammarion, mai 2013, 345 pages, 19 €

 

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