Gilles Berquet a renoncé à écrire à Dieu par peur du ridicule : interview de l’artiste


 Gilles Berquet avoue n’avoir jamais écrit à Dieu par peur du ridicule : n’agirait-il pas plutôt ainsi par peur qu’il le punisse. Dieu en effet - pour peu qu’ils soient au fait de l’art de la nudité - pourrait prendre ombrage des fréquentations de l’artiste. De plus ses photographies créent des trames en sourdine des corps « dé-robés ». Certes ils sont plus des motifs d’introspection et de méditation qu’objets de fantasme. Mais ils se présentent sous formes convulsives dans leurs poses parfois paroxysmiques. S’imposent donc au voyeur (dont Dieu qui par nature voit tout) bien des topos et des conjectures. L’horizon de l’être s’y trouve renversé. Il est aspiré dans l’aventure plastique. Ses itinéraires marient la perdition et la rédemption au sein du secret. Mais celui-ci demeure caché là où la pensée fait corps avec le corps comme le ciel avec la terre lorsqu’au Paradis il pleut.

 

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ? L'impatience, ou l'ennui.

Que sont devenus vos rêves d’enfant ? Les rêves d'un adulte qui n'a pas vraiment grandi et qui continue à cultiver ses rêves d'enfant.

A quoi avez-vous renoncé ? À avoir du succès.

D’où venez-vous ? Je ne sais pas mais j'y retourne sans aucun doute.

Qu'avez-vous reçu en dot ? ...

Qu'avez vous dû "plaquer" pour votre travail ? Mes études, et donc ma famille.

Un petit plaisir - quotidien ou non : Les petits plaisirs sont frustrants, je préfère les grands même s'ils sont plus rares.

Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ? Je suis bien meilleurs qu'eux! (à question idiote réponse idiote).

Quelle fut l'image première qui esthétiquement vous  interpela ? Celle de la nudité.

Quelle première lecture vous marqua ? William Burroughs. 

Où travaillez-vous et comment ? Depuis toujours chez moi, en secret, et depuis peu dehors mais toujours en secret. 

Quelles musiques écoutez-vous  ? Electronique, minimaliste, et souvent rien.

Quel est le livre que vous aimez relire ? Aucun, même si je les oublie.

Quel film vous fait pleurer ? De Bambi de Disney à Shoah de Lanzmann.

Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ? Un petit homme qui se prend pour un grand.

 A qui n'avez-vous jamais osé écrire ? À Dieu, par peur du ridicule.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ? L'Aiguille Creuse, l'Ile Mystérieuse.

Quels sont les artistes dont vous vous sentez le plus proche ? Ceux qui ne sortent pas du moule des écoles d'Art, qui se distinguent des autres en dépit des modes et mouvements, des obsédés bien sur, et de ceux qui ne se prennent pas au sérieux.  

Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ? Une lettre de Dieu pour me sentir ridicule.

Que défendez-vous ? De fumer dans ma voiture depuis que j'ai arrêté, mais principalement l'égalité des sexes.

Que vous inspire la phrase de Lacan : "L'Amour c'est donner quelque chose qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas" ? Elle est juste.

Enfin que pensez-vous de celle de W. Allen : "La réponse est oui mais quelle était la question ?" Elle est drôle.


Entretien réalisé par Jean-Paul Gavard-Perret le 7 décembre 2013.

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