Interview. Douglas Kennedy : Cauchemar au Sahara


Pour son douzième roman, l’écrivain américain chouchou des Français nous emmène dans l’enfer d’un couple. Brûlant.

 

Vos personnages, Robyn et Paul, fonctionnent comme d’exacts contraires…

En effet ! Robyn a rencontré Paul à 37 ans, après un mariage raté. Elle est expert-comptable, donc raisonnable, lui plutôt de type baba cool, artiste, doué et fantasque Comme souvent dans un couple, l’argent est l’objet de discussions et de tension. Robyn a vécu avec un père inconséquent et prodigue, elle a besoin de sécurité, que Paul ne lui offre pas toujours. J’aime bien glisser des allusions freudiennes (Rires) dans mon récit.

 

Ils partent au Maroc, un pays que vous connaissez bien et décrivez de manière très différente des guides touristiques…

Oui, je fais partie du Prix de la Mamounia à Marrakech et c’est mon 13e voyage ! J’adore ce pays, ces paysages extraordinaires, ces habitants d’une hospitalité inouïe. Je parle aussi de violence, d’escrocs, de persécutions anti-gays, de mariage forcé, car ces aspects-là existent aussi, comme dans d’autres pays.

 

Mirage est-il un thriller, un roman psychologique, un récit d’aventure ?

Un peu des trois ! Il y a de La Poursuite du Bonheur (Belfond 2001) dans Mirage avec une histoire d’amour tragique, mais aussi de Au pays de Dieu (2004) comme récit de voyage et d’au-delà des pyramides (2010), mais je n’aime pas rester enfermé dans un seul genre littéraire. L’an prochain, je sortirai un livre de philosophie !

 

Justement, quelle est la philosophie du livre ?

Il s’agit à la fois d’une vraie aventure physique – un couple américain s’installe à Essaouira pour prendre le temps de vivre – et d’une aventure humaine. Blessée par une révélation, Robyn, malgré les obstacles va se redécouvrir.

Mirage ne fait pas allusion au Sahara tout proche, mais plutôt à l’illusion, dans un couple, de pouvoir connaître tout de l’autre. Robyn n’a pas compris l’étendue des tendances hyper-destructrices de son mari.

 

Vos personnages de femmes sont toujours forts et empreints d’une grande finesse psychologique. Comment travaillez-vous ?

Je fonctionne comme une éponge et m’intéresse à la vie des autres. Je n’oublie rien et je peux vous citer une conversation mot pour mot avec mon ex-femme d’il y a dix ans ! Ici, je me suis souvenu aussi de deux films : L’homme qui en savait trop d’Hitchcock et Un thé au Sahara de Bernardo Bertolucci pour leur ambiance particulière.

 

Comment jugez-vous le public français ?

J’ai vendu 14 millions de livres dans le monde dont 8 en France ! J’aime ce pays, je possède un appartement à Paris et y viens très régulièrement, j’ai appris le français pour pouvoir discuter avec mes lecteurs. La France est un pays ou les écrivains restent importants et sont même vénérés. Mon public est très fidèle, la France est mon pays de cœur !

 

Propos recueillis par Ariane Bois

© Photo : Paul Stuart

 

Douglas Kennedy, Mirage, traduit de l’américain par Bernard Cohen, Belfond, 440 pages, 22,50. €

En mai 2015 sort chez Omnibus un coffret de quatre histoires de Douglas Kennedy rassemblées sous le titre, Des héros ordinaires, 28 € 

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1 commentaire

Pas convaincu de l'interêt de ce roman,désolé.