Ismaël Jude : tirer sur la ceinture

Explorant des possibles à partir d'Aubervilliers, le héros "atterrit"  à Paris après avoir franchir le périphérique, plus avant, passé trop de temps en province. Mais tout n'est pas dans la capitale - et plus particulièrement dans son XIIIème arrondissement - comme il l'attendait.
Certes les immeubles tiennent debout. Mais sans plus. Comme s'il fallait rien n'attendre de la ville.

Néanmoins,  lors de son installation et d'une première rencontre en découlent bien  d'autres. Elles vont devenir  la matière même  du livre même.

L'auteur y brosse une galerie de portraits. Ils permettent de monter une transformation de l'espace mis en récit dans un propos post Pérec (même si a priori  Victor Hugo et les Mystères de Paris semblent a priori plus présent.)

Ce roman géographique et situationnisme se présente sous forme d'une sculpture éclatée par effets de narration (un peu et volontairement foutraque) et de rêveries des bas-fonds - type Petite Ceinture.
Jude se met à l'écoute de mythomanes dans sa fiction dont le titre est emprunté à Manon Lescault pour souligner leurs affabulations.

Les vies minuscules sont là avec humour et aussi avec un sens de l'exhibition de ce qu'écrire veut dire. Si bien que  l'auteur s'affiche parfois comme trop malin pour que sa fiction soit totalement réussie.

Echevelé, le livre semble partir dans tous les sens mais de manière contrôlé même si parfois l'auteur doit faire tout ce qu'il peut pour retomber sur ses pieds. Il y parvient sans peine, voire mieux : avec panache et vitalité.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Ismaël Jude, Vivre dans le désordre, éditions Verticales, mars 2019, 192 p.-, 17,50 €
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