Tolkien, Le Hobbit : un monde de retour au cinéma...

Nous y voilà.

 Tolkien est revenu sur le devant de la scène grâce à Peter Jackson et à ses films. Au cinéma, vous trouverez donc la première partie du Hobbit, intitulée Un voyage inattendu. Surement en lien avec le titre du premier chapitre du roman An Unexpected Party, soit Une réception inattendue. Bref, l’anneau est de retour au cinéma avec nos personnages bien aimés : Gandalf, Gollum, Bilbo(n), Elrond, etc.

 

Et pourtant, si la masse est heureuse de retrouver la Terre du Milieu à l’écran, certains râlent déjà : de tout ce qu’ils ont vu avec les bandes-annonces et autres making-off  leur laisse présager un nombre impressionnant d’infidélités à notre cher Professeur.

Il nous faut reconnaître que nous n’en avons, pour l’heure, aucune idée : lors de sa trilogie sur Le Seigneur des Anneaux (1), Peter Jackson a offert une très belle adaptation (donc contenant forcément des trahisons à l’œuvre originale) présentant néanmoins quelques « massacres » : pour les cinéphiles, nous vous renvoyons à la charges des Morts par exemple ; pour les spécialistes de l’univers de Tolkien, au fait que l’œuvre perd de sa dimension philosophique/religieuse/etc. pour tomber dans le film d’adolescent.

 

Mais force est de reconnaître – et nous sommes les premiers de ceux-là – que ces films sont une bonne chose car ils entrainent les gens vers la Terre du Milieu, leur donnent envie de mieux la connaître. Et Peter Jackson aurait pu faire bien bien bien pire comme cela a pu être réalisé par le passé. Espérons que l’effet sera le même avec Le Hobbit et que nombre curieux se pencheront sur le père de la Fantasy telle que nous la connaissons aujourd’hui !

Pour l’heure, si vous n’êtes pas de ces « chanceux » ayant vu le film en avant-première ou au cinéma lors de la séance de 9h, vous ne pouvez, comme nous, que vous baser sur les bandes-annonces (où nous voyons des nains avec des barbes très voir trop courtes) et quelques livres traitant du film. Tel celui de Stephan Servos publié à l’Archipel.

 

Le Guide du Monde de Bilbo. Titre présomptueux s’il en est : après 8 ans à nous pencher dessus à temps partiel, nous ne connaissons pas tout, alors comment un ouvrage de 80 pages pourrait le faire ? Qui plus est, l’ouvrage traite plus du film de Bilbo(n) que du monde créé par Tolkien : il s’agit de consacrer 1 (soyons généreux, 2) chapitre(s) à l’œuvre écrite et de laisser le reste nous parler du film : les acteurs, les lieux du tournage, les problèmes juridiques opposant Peter Jacksons et les autres grands du cinéma… Bref, Le Guide du Monde de Bilbo ressemble plutôt à l’histoire d’un film, alias une grosse publicité pour y aller : tout y est laudatif ou presque !

 

Mais tout « fan » appréciera ce petit ouvrage qui lui permettra de rentrer un peu (plus ?) dans l’univers du film. Un bon cadeau sous le sapin pour tout jeune peu habitué à lire, pour le pousser à dépoussiérer l’ouvrage qui traine depuis 1969 dans votre bibliothèque (ou sa nouvelle traduction, belle et fringante, de 2012) et qui vous a fait rêver durant votre enfance.

Peut être que de là sortira un lecteur des livres de Tolkien ?

 

Pierre Chaffard-Luçon


Stefan Servos, Le Guide du Monde de Bilbo, L'Archipel, décembre 2012, 80 p. - 12,95 €


(1) : à noter que Le Seigneur des Anneaux en livre n’est pas une trilogie mais bien un seul et unique roman – au mieux une hexalogie vu son découpage en 6 parties intitulées « Livre » – tandis que les films sont bien une trilogie… L’erreur commune de la trilogie « livre » du Seigneur des Anneaux est dû à la crise du papier de l’époque, qui força l’éditeur à être prudent dans l’impression et à diviser l’ouvrage en trois.

12 commentaires

Bonjour,


Merci de ce billet. Grâce au film (à cette nouvelle "trilogie"), l'édition française sort toute une série de volume autour de la Terre du Milieu. Parmi les nouveautés, notons qu'il y a aussi la première traduction en français des romans de William Morris, une des (nombreuses) sources de Tolkien. Rien que les titres sont très "tolkienesques": "Le lac aux îles enchantées", "le puits au bout du monde"...

PCL

Bonjour Dave,

Il me faut reconnaitre que je ne vois pas les titres de Morris comme des titres réellement propres à Tolkien.
Beren et Luthien
Les Enfants de Hurin
Le Hobbit
Le Seigneur des Anneaux
Les Contes Perdus
Les Contes et Légendes inachevés
Le Fermier Gilles de Ham

Etc.

Il y a chez Tolkien un amour du médiéval (Lancelot le chevalier à la charrette, etc.) assez normal pour un philologue. De là, peut être une certaine ressemblance avec les titres de Tolkien peut apparaître mais je ne suis pas totalement convaincu : enfin, il me faudra me pencher sur la question plus en profondeur...
Par contre, j'avoue ne pas réellement connaitre Morris : merci de me l'avoir rappelé !

Bonjour Pierre,


Je crois que les lecteurs français connaissent mal la fiction de Morris - même si ses essais sont un peu connus.

En outre, ne vous méprenez pas, mon propos n'est nullement d'atténuer le génie de Tolkien en soutenant qu'il n'aurait rien inventé. D'une part, il a inventé beaucoup de choses. D'autre part, ce qui fait la grandeur d'une oeuvre, ce n'est pas seulement l'idée initiale, mais aussi la qualité de l'exécution: or, Tolkien est une grande plume.

Cela étant, ce que je disais sur les titres de certains Morris était imprécis. Ce que je voulais dire, c'est qu'un titre comme "Le puits au bout du monde" parle d'un périple, où l'on traverse un monde entier - et que c'est quelque chose qu'on retrouve chez Tolkien, et qui n'était pas présent dans les récits médévaux (où l'on a l'impression de tourner en rond sur quelques kilomètres...). Enfin, bon, c'est une affaire d'appréciation personnelle.

En revanche, sur le fond, je porte à votre attention cette brève synthèse d'Acta est fabula sur les liens entre Morris et Tolkien:


à bientôt!

PCL

Dave,

Je n'ai pas lu dans votre propos une "atténuation" du génie de Tolkien. J'ai trouvé même intéressant de soulever une inspiration qui, en France, nous est peu connue !

Merci beaucoup pour la brève !

A bientôt

Pour avoir vu (enfin) le film hier je me pose quelques questions : 

  • est-ce que Tolkien n'a pas écris deux fois la même histoire, car ce Hobbit ressemble assez à La Communauté de l'année (à moins que ce ne soit une perfidie de Peter Jackson) : même fil directeur, mêmes scènes (les orcs, la montagne, etc.)
  • pourquoi est-ce si lent ! le livre de Tolkien n'a pas la réputation d'être un grand livre d'action, mais quand même... (que donnera la version longue qu'on ne manquera pas de nous revendre un peu plus tard ?)
Avis tout à fait personnel, d'un fan de la première trilogie, je trouve que c'est très beau mais déjà vu.

PCL

Très bien vu Loïc !

La "perfidie" Jackson a frappé pour donner ce sentiment de "déjà-vu". En effet, le néo-zélandais & Co ont mélangé à l'histoire du Hobbit de nombreuses scènes issues des Appendices du Seigneur des Anneaux (voir il en a inventé certaines), etc.
Alors certes, certaines scènes sont semblables (la traversée de la montagne est dans les deux œuvres, le passage sous la montagne aussi) mais traités de manière bien différente : humour et jeunesse dans le Hobbit, obscurité et drame dans le SdA !

Bref, s'il y a quelques ressemblance entre les deux, il n'y en a pas autant !

Pour la lenteur, c'est particulier... Il me faudrait me repencher dessus : Tolkien est "lent", effectivement, mais d'une lenteur agréable généralement.

Bonjour,

Deux remarques: si mes souvenirs sont bons, il me semble que Tolkien concevait Bilbo le Hobbit comme un brouillon du seigneur des anneaux qu'il considérait comme beaucoup plus abouti. Enfin (un peu de polémique), dire de Tolkien que sa lenteur est agréable n'engage que vous mon cher Pierre. Mes souvenirs de Tolkien sont des plus pénibles. J'ai rarement lu aussi ennuyeux de la part d'un écrivain qu'on présente désormais comme un "classique" (et pourquoi pas après tout!). J'hésitais à intervenir car je sens bien que mon point de vue est minoritaire (mais j'aime être minoritaire) mais l’œuvre de Tolkien m'ennuie à un point que je me le réserve pour mes nuits d'insomnie.
Et les films m'ont fait le même effet. Et ici je ne fais pas du tout mon élitiste rive gauche. Je défends la science-fiction (et même la fantasy, lisez carole berg, très bon) depuis mes plus jeunes années. Mais Tolkien! aargh!!

Après ce coup de gueule (amical j'entends bien), je vous laisse désormais communier (et je comprends car moi aussi quand j'aime un auteur, je suis aussi laudatif).

PCL

J'aime lire les réactions comme celles-ci, Sylvain !
Tout est possible sur Tolkien, surtout votre avis.

Par contre, j'aimerai bien avoir la référence du caractère "brouillon" du Hobbit, si vous l'avez. Sans vouloir faire argument d'autorité (je vérifierai auprès de plus grands connaisseurs que moi), je pense qu'il doit y avoir erreur sur cette affirmation.

Le reste étant du subjectif, je ne peux que remercier le partage de cette vision !

Sans parler de brouillon, j'ai pour ma part entendu une version parlant d'oeuvre pour la jeunesse, donc très farfadet youpi, et donc assez loin de la version de Peter Jackson


Bonjour

Sans vouloir étendre la polémique, deux remarques pour ma part;

Il existe une grande part d'imposture en ce qui concerne l'inspiration de Tolkien; on oublie trop souvent que c'est bien Lord Dunsany qui est à l'origine de son œuvre...

En outre, concernant le dernier film, Jackson se retrouve emprisonné dans sa sag comme Lucas ces dernières années. Qui plus est, il ne fut pas oublier que Bilbo et Le Seigneur des Anneaux présente souvent les mêmes enjeux; au final on a l'impression désagréable de lire à chaque fois la même chose et de voir par la même occasion le même film.

Mais cela n'engage que moi...

Bonjour à tous (et bonne année aussi).

J'ai qualifié de Bilbo de brouillon en invoquant ce qu'en pensait Tolkien... Bon, tout ceci date d'un vieil article de casus belli où j'avais lu cette assertion. N'étant pas un spécialiste de l'auteur, je n'aurai aucun problème à reconnaître que c'est faux, si c'est le cas.
Par contre, d'accord avec François, Tolkien s'est effectivement inspiré de Lord Dunsany. Et de d'autres aussi. C'était d'ailleurs son droit le plus légitime.

PCL

Alors navré de devoir enfoncer de si belles affirmation qui trouvent, effectivement beaucoup le reconnaissent, dans les film une parfaite illustration : Le Seigneur des Anneaux et le Hobbit ne sont pas du tout les mêmes livres (bien que Jackson ne fasse pas autant de différence et construise ses scénarii un peu [beaucoup] identiques).

 

En effet, Le Hobbit est une histoire pour enfant, un conte offrant le voyage initiatique d'un héros utilisant son esprit pour parvenir à ses fins (en résumant très très vite).
Le Seigneur des Anneaux est une œuvre beaucoup plus imposante mettant en scène l'ultime lutte de la liberté face aux ténèbres, le sacrifice de quelques "simples" pour permettre aux héros "guerriers" de s'en sortir.

Bref, il est possible de parler longtemps de l'ensemble, mais pour faire simple, le public, le traitement et le fond n'est pas le même.
Après, dans les deux cas, vous avez un anneau, vous avez des hobbits, vous avez Gandalf, etc. Mais il en faut plus, à mon avis, pour faire deux pâles copies l'un de l'autre...

Pour les sources, oui il y en a. Lord Dunsany m'est parfaitement inconnu, mais rien que le mythe des Nibelungen démontre que Tolkien n'a pas inventé tout de tout (l'anneau, le dragon, "l'amour de l'or", etc.). Mais son apport principal aura été de faire une œuvre-monde où les histoires/contes/aventures de ses héros apparaissaient en parallèle des langues des peuples vivant en Terre du Milieu !
Tolkien n'a donc pas fait qu'inventer des histoires (d'ailleurs, pouvons-nous, aujourd'hui, réellement en inventer ?) mais est allez plus loin, ce que, de souvenir, personne n'avait fait jusque là !