Jacqueline Devreux : Limbes d'un corps qui se cherche

                   

 

 


 

Présences sensuelles, hallucinations presque (le presque est important) palpables dans leurs tons de suie dans le halètement du blanc  et leurs vibrations. Ombres proches - inabordables qui touchent la rétine, ébranle l'hanche d'une bouche. Gestes isolés dans l'appel muet vers la déperdition : la femme une fois de plus se préparerait-elle à d'autres naufrages ? Ou d'autres "rameutements" ?

 

Restent des rehauts sur le silence: ils entraînent à nouveau la pensée picturale dans l'inconnu(e)  entre le vide et l'évidence. Pas d'a-jour réservé à la toile, pas de parcelle laissée à son propre devenir sans charge d'émotions.

 

Immobilité pense-t-on d'abord mais la résultante de tous les dépôts venant nourrir le regard de vagues successives crée une suspension, un point d'équilibre entre le temps qui aura mûri la lente méditation et celui qui - traversant la toile - distille en nous son rayonnement.

 

L'œuvre est l'aboutissement d'un lent travail d'approches et de révisions. Celui d'un œil et d'une main en mue perpétuelle et obsessionnelle. Mais il s'agit de dégager des constantes, de laisser des traces lisibles. Le corps s'ouvre et se referme. Voile sur les yeux, le visage. D'autres paupières se soulèvent dans la mémoire, ouvrant au "blémissement". Limbes d'un corps qui se cherche.

 

Le corps s'expose comme énigme. Se montre, se cache, pense. Se pense. Pulsation lourde qui restera qui sourd du plus profond mangé d'ombres qui s'éclairent loin des mots, pour le cœur, l'émotion.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Jacqueline Devreux, "Regards de femme, sens dessus dessous", peintures, dessins et photographies, Maison des Artistes, Bruxelles, 1070 du 14mars au 10 avril 2015.



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