Jacques Cauda : "et cum spiri "toutou

Jacques Cauda se donne un mal de chien pour nous rappeler aux animaux qui nous hantent. Partant – tel un lascar de Lascaux – du dinosaure jusqu'au "requin de terre" (l'inaltérable "dzoldy") et aux meutes plus coutumières des animaleries et parcs blêmes et zoologiques, le sacripant est tenace.

Certes moins tueur qu'hier mais sans savoir ce que sera demain, il dresse son bestiaire de vignettes noires et de textes voraces. Les noces camusiennes ne sont plus de mises en cette ménagerie de l'obscur.

Mais au besoin il n'y a pas que le bonheur du mal qui rend la joie paléontologique. Et notre mâle s'en charge. Chasseur de mots il montre et illustre  comment les félins volent dans les plumes des zoziaux avec ses propres coups de sang d'encre et les taches qu'ils laissent. Bref il faut parfois que ça saigne et parfois que ça s'efface.

Mais c'est toujours au plaisir que le tueur à gage engage. Noir ce plaisir. Car – et  comme pour le chocolat – il le faut d'une telle couleur  afin qu'il soit délicieux et voluptueux. Et nous voici derechef et de concert avec les bénis du diable : qu'ils soient à plumes ou à poils, à quatre ou à deux pattes n'importe pas.

Jean-Paul Gavard-Perret

Jacques Cauda, Animots, coll. "Poésie Sauvage", éditions Chats de Mars, 2019

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