Le bondage façon Jacques Floret

Cultivant comme toujours le sérieux et le ludique, Jacques Floret conjugue le bondage an toute fraîcheur. L’artiste ouvre par  coulées de lumière sur une présence plastique qui pour beaucoup appartient à la sous-culture.  Néanmoins le Kinbaku (l’art japonais d’attacher les corps) est ici relié moins à un certain raffinement du milieu SM ou la brutalité de l’urbex, qu’à un sentiment paradoxal de liberté. Existent une  manière d’être au monde et une exploration des formes prouvant que « l’art est toujours bizarre » (Baudelaire) mais tout aussi simple dans l’économie plastique qu’en propose Floret.

Le lien crée  l'ouverture : le corps plutôt que de se livrer à la loi de l'abandon rappelle qu’il n’a jamais pu être et qu’il faut le délivrer. Il échappe à la réduction de la pornographie classique. Face au strip-tease convenu surgit un autre champ dont la transparence reste opaque et dont l’artiste se contente ici d’illustrer  les contours afin de rappeler qu’un tel art n’a rien de déviant. En jaillit une humanité simple, avide moins de plaisirs que - et paradoxalement  - d’apaisement.  Le  corps transformé par les liens devient non objet que sculpture croquée par le créateur. Il devient un opérateur poétique au sens plein en  accordant  au corps à la puissance du signe selon un rite ordonnancé.

Jean-Paul Gavard-Perret

Jacques Floret, Littérature Mineure, Rouen, 2017, 8 E.

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