Jacquie Barral : pointes

Pour Jacquie Barral le dessin reste le premier des langages et le plus élémentaire moyen d’embrasser le monde. Du dialogue entre les mots et le crayon, le livre ne fait qu’un en un dessin de la pensée et une pensée du montage. Restent les images naïves et les mots sourds, leurs infinis arrangements, leurs entorses bénéfiques.

Jacquie Barral plonge par les mots dans le gouffre des images. Les uns et les autres jouent, s’appareillent en un fil suspendu. Il découd et tient en un choc de proximité. Reste un ordre funambule même lorsque « un être sera parti » et qu’il abandonnera  « une page blanche ». Seul le crayon permettre de « combler l’absence sans la comprendre. Alors vous dessinerez de grandes plaines noires à l’horizon de vos souvenirs. ».

Les solitudes et les pertes sont ainsi appareillées en une circulation inattendue aux pensées comme aux sentiments. Ce qui manque à la vie, l’art tente de le ranimer et les mots sont là pour retourner le mutisme. Jacquie Barral incise une effraction, donne accès à autre chose que ce qui s’efface ou est voué au silence sans fond. Le texte monte vers le dessin comme celui-ci vers le premier : béances et formes vont rejoindre celle d’un corps et d’une âme toujours errants face aux multiples désirs jusque dans leur principe d’irréalité.

Jean-Paul Gavard-Perret

Jacquie Barral, « Pointe du crayon - Punta del llapis », Texte bilingue français et catalan. Traduction de Maria Lluïsa Sabater, Illustrations de l’auteur, Fata Morgana, Fonsfroide le haut, 2017, 56 p.

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