Jacquie Barral, Michel Butor ce que les bogies valent

Jacquie Barral s’intéresse toujours à la fois par son approche théorique et pratique  – à ce que l’image produit. Dès lors la phénoménologie de l’œuvre ne s’enferme pas dans une simple subjectivité mais ne se replie pas plus sur un discours esthétique.

Quant à Michel Butor il concilia toujours une expression irrationnelle, intuitive tout en refusant que l’image échappe à l’analyse. Son actionnisme joyeux à son égard fut un moyen de faire réagir le regardeur face au réel comme aux propriétés et aux possibilités de l’image, ses dimensions spatiales et son rapport à la réalité.

Les deux créateurs ne pouvaient donc que se rencontrer. A l’artiste le jour dans la nuit, à l’auteur la nuit dans le jour. A moins que ce soit l'inverse...
Du texte à l’image s’inscrivent les formes sauvages et secrètes entre lignes, stries, volumes. La simplicité de la structure procède de la matérialité la plus diaphane. Elle induit une dramaturgie ouverte à l’appréhension de l'inconnu que suggère le texte de Butor.

De là naît la contemplation qui n’a rien de mystique. Être tel ce serait se laisser dévorer vivant pour ne plus tomber nez à nez avec son jadis et son naguère, parallèlement. Or, ni abbesse ou père prieur, les deux ne se veulent en rien cisterciens mais terrestres.

Dans leur livre le cœur de la nuit ne cherche pas un asile dans la lumière. Il suffit de jeter des signes dans l'espace-temps pour y pêcher des directions.
Les formes deviennent aussi réelles que leurs trous. Ils ont la même consistance de gruyère (ou plutôt d'emmental) dans cette momification qui  – on s'en doute s'agissant de l'auteur - reste une modification.

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Jacquie Barral & Michel Butor, Monologue de la momie, Fata Morgana, avril 2018, 32 p.-, 220 euros

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