Airboy, que de temps perdu...

Un scénariste réputé


D’origine anglaise, James Robinson a travaillé pour de nombreux éditeurs : Image (Wilcats) Marvel (Cable), et surtout DC (Batman : Legends Of The Dark Knight, The Golden Age, Starman). C’est bien sûr sa prestation sur Starman, où il revisite l’âge d’or des comics, qui le fait connaître du grand public. On le connait aussi pour avoir écrit l’adaptation sur grand écran de la ligue des gentlemen extraordinaire d’Alan Moore et Kevin O’Neil, pas franchement une réussite... Voici donc un auteur confirmé qui monte un projet personnel et qui a demandé à un dessinateur moins connu de l’aider : jusqu’ici Greg Hinkle a surtout œuvré dans l’indé (The rattler). Ce (fantastique ?) duo  nous propose ici une mise en abyme des créateurs face à leurs sujets (les personnages n’étant pas leurs créations personnelles). C’est très ambitieux, reste à savoir si ça convainc le lecteur.


La vie entre dans les comics


James Robinson est appelé par son éditeur qui lui propose d’écrire une minisérie sur un héros publié, Airboy afin de créer le buzz. Robinson demande comme dessinateur Greg Hinkle. Lorsque ce dernier accepte et débarque à San Francisco, Robinson n’a aucune idée pour travailler sur Airboy. Pour se changer les idées, il entraîne Hinkle dans une tournée des bars, achète de la came, lève une fille… Jusqu’à qu’Airboy se manifeste.  Les deux créateurs croient à un mauvais trip et s’enfuient de leur piaule, sauf que le superhéros les rattrape. Persuadés qu’il s’agit d’un « trip » dû à la drogue, Robinson et Hinkle emmènent  le héros dans un bar chaud de Frisco. Airboy s’amuse bien mais lorsqu’il réalise que c’est un travelo qui lui a fait une fellation, il réagit plutôt mal (ah ces héros des années 40 prisonniers de leur morale dépassée !) et emmène le duo des créateurs en pleine seconde guerre mondiale…


Beaucoup de promesses mais pour quel résultat ?


Airboy regorge d’ambition : Robinson livre un récit inspiré de sa propre vie, mélangeant réalité et fiction, mobilisant tout l’imaginaire de l’âge d’or des comics (et même après). Alors d’où vient cette impression morne (on finit par chanter « l’aquoiboniste », de Serge Gainsbourg, pour tromper l’ennui),à la lecture de l’ouvrage? James Robinson utilise le medium pour décrire ses angoisses, soit (tous les écrivains le font) mais son récit se perd dans certaines digressions égotistes (les amateurs de thérapie apprécieront). Le graphisme d’Hinkle, pour être franc, ne recèle rien d’enthousiasmant… Réservé aux fanatiques de Robinson (il y en a), les autres passeront leur chemin.

 

Sylvain Bonnet


James Robinson & Greg Hinkle, Airboy, traduit de l’anglais (États-Unis) par Fabrice Sapolsky, Jungle comics, juin 2016, 160 pages, 17 €

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