La Sorcière Rouge, tome 1 – La Route des sorcières

Depuis les événements de la saga Axis, la Sorcière Rouge s’est installée au cœur de New York et travaille dorénavant en solo. Son objectif ? Corriger les dérives liées à la magie et lutter contre les puissances occultes qui mettent en péril notre planète. Très vite, la police de Big Apple fait appel à ses dons pour la sorcellerie. Suite à un double meurtre, Wanda va lever le voile sur une nouvelle menace liée à la magie…

 

Rien qu’à feuilleter cet album, il y a de quoi être sceptique puisque chaque épisode est dessiné par un artiste différent. A priori, on repassera donc pour l’homogénéité du titre. Encore que, comme on va le voir plus loin, James Robinson parvient à utiliser ce problème avec une certaine élégance.

 

La Sorcière Rouge n’a pas été particulièrement épargnée par le destin ces dernières années : on pourrait faire remonter l’origine de ses problèmes au passage de John Byrne (La Quête de Vision) sur les West Coast Avengers de la fin des années 80. Depuis, à coup de dépressions en cascade, Marvel a fait passer Wanda Maximoff du rôle de super-héroïne instable à celui de cinglée. Du coup, avec cette série solo, James Robinson se retrouve à réhabiliter un personnage un peu trop amoché (du moins à mon goût). Et clairement, le scénariste décide non pas de faire table rase du passé, mais bien de l’isoler du reste de l’Univers Marvel. Comprendre : Wanda est seule sur la « route des sorcières » du titre, elle n’ira pas demander de l’aide au Docteur Strange.

 

Pour pallier à cette solitude et lui permettre tout de même d’écrire des lignes de dialogues, James Robinson affuble Wanda d’un spectre : c’est donc le grand retour de la tutrice de Wanda, Agatha Harkness, un personnage qu’on avait perdu de vue depuis Avengers Disassembled. Là, on peut regretter que Panini n’ait pas eu l’idée d’une petite explication en éditorial, mais d’un autre côté, difficile de résumer en une page le lourd passé/passif de Wanda. Si Robinson appuie un peu trop le côté sarcastique de leurs dialogues, indéniablement, ses apparitions apportent un plus tout en restant cohérent avec l’ambiance mystique. Et Agatha et sa protégée sont sans doute loin de s’être tout dit… Autre élément un peu neuf amené par Robinson, c’est cette idée que plus les sorts lancés par Wanda sont puissants et plus le prix à payer est grand, avec un procédé qui rend hommage à Oscar Wilde et son Portrait de Dorian Gray, plutôt bien amené d’ailleurs. Bref, Robinson apporte du neuf : il vient « muscler » en quelque sorte le background du personnage.

 

La quête intime et expiatoire de Wanda va l’amener à voyager, de l’Irlande à l’Espagne en passant par la Grèce. Encore une fois, c’est assez bien vu de la part de James Robinson, qui peut ainsi puiser dans les mythologies européennes plus riches que le folklore étatsunien. J’ignore quand Robinson a su que la série changerait d’artiste à chaque épisode, mais il essaie de tirer profit de la situation. En gros, chaque dessinateur illustre un épisode qui se déroule dans son pays (ou sa zone géographique). Ainsi, Steve Dillon est appelé sur l’escale irlandaise, Javier Pulido sur l’épisode en Espagne, etc. O.K., on peut faire une croix sur l’unité graphique, mais cela justifie assez bien je trouve certaines ruptures graphiques. Passer de Vanesa Del Rey à Javier Pulido en passant par Steve Dillon et Marco Rudy, c’est sport. Évidemment, on sera en droit de préférer le style de l’un à celui de l’autre, et à ce petit jeu, j’ai beaucoup aimé les travaux de Rudy et Pulido.

 

Les premiers pas de la Sorcière Rouge s’avèrent donc concluants, pour peu qu’on ne soit pas trop sensible aux variations dans les styles graphiques. James Robinson cherche à faire sortir Wanda du rôle de désaxée qu’on lui a trop souvent attribué par le passé. Et, en passant, il entreprend d’enrichir le personnage, de lui donner de la substance. Je n’en attendais pas autant : voilà une surprise prometteuse.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

James Robinson (scénario), Vanesa Del Rey, Javier Pulido, Steve Dillon, Marco Rudy et Chris Visions (dessin)

La Sorcière Rouge, tome 1 – La Route des sorcières

Édité en France par Panini France (30 novembre 2016)

Collection 100% Marvel

112 pages couleurs sur papier glacé et sous couverture cartonnée

14,95 euros

ISBN : 9782809459517

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