James Sacré : retours amont

Parmi Les figures de silence, il y a d'abord les masques des sociétés traditionnelles, amérindiennes ou africaines que le poète collectionne. C'est là un univers d'intercesseurs mystiques secrets.
Sacré fait aussi retour aux paysages de silence et d'énigme qui lui sont chers : ceux du sud des États-Unis, du Maroc et d’Andalousie. Ils sont évoqués t à partir de ses anciennes notes de voyage. Se retrouve aussi son village natal poitevin. Mais néanmoins les terres arides dominent en tant que "masques" eux-mêmes minimalistes du monde et de la nature humaine.
Dès lors tout ce qui semble muet pour beaucoup, Sacré en fait son grain. Il souligne de a sorte bien des manques et afin que des émotions oubliées – chez le poète lui-même – renaissent : On oublie les saints, tout le fleuri du monde / Est soudain sur les tombes. /Raccourci comme on n’avait pas prévu /De la naissance ignorée à la mort inconnue, écrit-il.
Les variations minimalistes d'un poème à l'autre permettent des vibrations inconnues dans ce qui sans le poète échapperait. Tout cela permet alors et comme il le dit de se "tenir vivant dans le monde".
Dans une telle œuvre s'entend en sourdine les échos de celles et ceux qui se sont tus mais qui renaissent sous des masques. Ils constituent le plus sur rempart à ce qui en bout de chaque course finit par arriver. Mais il s'agit encore de tenir encore et toujours.
Jean-Paul Gavard-Perret
James Sacré, Figures de silences, Tarabuste, 2018, 158 p.-, 15 €
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