Avengers vs X-Men

Tout était réuni pour qu’Avengers vs X-Men soit un grand event Marvel. D’abord parce qu’il convoque les deux groupes de super-héros les plus populaires de l’éditeur. Ensuite, parce qu’on retrouve une menace qui parlera au cœur des vieux routards : le Phénix évoque irrémédiablement les mythiques épisodes de la série Uncanny X-Men (signés Chris Claremont et John Byrne). Et puis Marvel a mis les petits plats dans les grands, en demandant à un joli panel de scénaristes vedettes de plancher sur cette histoire : Jason Aaron, Brian M. Bendis, Ed Brubaker, Matt Fraction et Jonathan Hickman. Même logique côté dessins avec, excusez du peu, Olivier Coipel, John Romita Jr et Adam Kubert. Ce que j'appelle des valeurs sûres.

Et pourtant, la montagne accouche d’une souris, dirais-je, du moins, si on considère ce qu’on était en droit d’attendre de tels auteurs. En demandant à ces scénaristes de travailler ensemble, Marvel n’obtient pas l’effet escompté. Malgré la bonne volonté évidente des artistes, l’alchimie ne prend jamais réellement dans cette intrigue aux ruptures de ton surprenantes. Ainsi, Avengers vs X-Men démarre par une longue succession de combats entre super-héros (une figure imposée chez Marvel), avec sa ribambelle d’épisodes spéciaux à la clé (repris dans un autre album). Curieusement, la seconde partie de l’intrigue, où la Terre est totalement remodelée, est beaucoup moins travaillée et détaillée, alors qu’on était en droit d’attendre, pour le coup, des épisodes annexes développant un univers qui, malheureusement, restera factice. Ces changements d’ambiance sont soulignés graphiquement par des changements de dessinateurs pas très élégants, accentués par les styles très variés des artistes.

Sauf qu'Avengers vs X-Men est un passage obligé pour tout lecteur Marvel. Contrairement à certains events qui n’ont eu que peu d’impact sur la durée, la conclusion définie un nouvel univers Marvel. Et puis ses conséquences se font encore sentir à l’heure actuelle. Évidemment, les mutants et les Avengers auront à subir les principales retombées. Le X-Man Cyclope est au centre de l’intrigue, personnage qui avait déjà entamé une lente transformation au fil des ans (relire Schisme, par exemple).
À noter qu’il ne s’agit pas de la toute première confrontation entre les deux groupes du titre. Dès 1987, Roger Stern, Tom DeFalco et Jim Shooter écrivaient la première escarmouche entre les super-héros vedettes Marvel (X-Men vs. the Avengers à lire dans l’Intégrale X-Men 1987-2ème partie ).

Peut-être faut-il y voir une allégorie sur la longue
déchéance éditoriale des X-Men, qui, après avoir dominé le marché, sont progressivement délaissés par Marvel, l'éditeur privilégiant les titres Avengers de son catalogue (succès au cinéma
oblige).
Indispensable, mais pas vraiment réussi : c’est tout le paradoxe de ce Avengers vs X-Men. J’aurais presque envie de dire qu’il faut l’aborder sans en attendre grand-chose. Bien difficile au regard des auteurs prestigieux qui y participent, je sais. Alors, et seulement alors, Avengers vs X-Men s’avère en fin de compte plutôt récréatif. Mais quel gâchis.
Stéphane Le Troëdec
Jason Aaron, Brian M. Bendis, Ed Brubaker, Matt Fraction et Jonathan Hickman (scénario), Olivier Coipel, John Romita Jr et Adam Kubert (dessins)
Marvel Events : Avengers vs X-Men
Édité en France par Panini France (11 mai 2016)
Collection Marvel Events
392 pages couleurs, papier glacé , couverture cartonnée
26,00 euros
ISBN : 9780785163182
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