Southern Bastards, tome 3 – Retour au bercail

Rien ne va plus dans la petite ville de Craw County ! Euless Boss, coach de l’équipe de foot local et baron du crime fait régner la terreur à travers la bourgade. Sauf qu’Euless vient de perdre Ol’Big, son mentor et coordinateur de la défense de l’équipe. Problème : Les Runnin’ Rebs doivent affronter bientôt les Wetumpka County, un derby qu’Euless n’envisage pas un seul instant de perdre…

 

Après un tome 2 qui se focalisait sur les origines d’Euless Boss, Jason Aaron choisit de prendre une nouvelle fois son temps pour profiter du calme avant la tempête. Ce troisième volet de Southern Bastards est donc l’occasion pour lui de faire le tour des personnages secondaires qu’on avait jusqu’alors aperçus.

 

Jason Aaron nous a concocté ici de sacrés portraits. Il y a tout d’abord le shérif Hardy, ancien joueur de football américain promis à un bel avenir professionnel avant que Boss ne lui brise les jambes et tous ses rêves. Après cela, Hardy a choisi de jouer le jeu et de devenir le pion d’Euless. Vient ensuite Esaw, un cinglé doublé d’une ordure, qu’un prêtre va tenter de raisonner, à ses dépens… Jusqu’à présent, on avait déjà vu Hardy et Esaw. Boone par contre s’était fait discret, normal pour un ermite vivant dans les bois. Mais Boone a une dent contre Euless Boss, et il compte bien lui rendre un jour la monnaie de sa pièce. Et puis il y a aussi « Materhead » en quête de rédemption qui veille sur Ledbetter, un môme handicapé. Il lui faudrait peu de choses pour se rebiffer contre Euless Boss… Aaron n’a pas son pareil pour dépeindre ces personnages brisés, sales et moches. Son travail est relevé par le dessin de Jason Latour, qui semble prendre beaucoup de plaisir à illustrer un Sud suant, puant et putride. Attention, un comic-book à ne pas mettre entre toutes les mains d'autant plus que, ce n’est précisé nulle part, j’ai relevé dans cet album une scène pornographique.

 

Et puis Jason Aaron termine par deux épisodes un peu plus dynamiques, qui font bouger la trame générale de l’histoire. Le premier est dédié au fameux match contre les Wetumpka et du désastre qui s’en suit. Le second est consacré à l’arrivée de Roberta, la fille noire d'Earl Tubb, massacré par Boss dans le premier tome. Bref, Aaron fait monter la pression, un peu comme dans le tome 2. Le scénariste a suffisamment de talent pour se permettre de temporiser ainsi l’intrigue, surtout qu’on n’y perd pas au change, avec ces portraits saisissants.

 

Du coup, Aaron se met un peu en danger pour les épisodes à venir : il va bien falloir qu’il dénoue la situation avec l’entrée sur scène de Roberta. Et puis d’autres personnages ont clairement de bonnes raisons de se venger d’Euless Boss. Donc Aaron devra lâcher les chiens dans le tome 4, au risque tout de même de décevoir à force de temporiser. D’ici là, on tient avec Southern Bastards un des meilleurs comic-books du moment. Puissant et addictif.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

 

Jason Aaron (scénario) et Jason Latour (dessins)

Southern Bastards, tome 3 – Retour au bercail

Édité en France par Urban Comics (28 octobre 2016)

Traduit par Benjamin Rivière et lettré par Moscow ★ Eye

Collection Urban Indies

152 pages couleurs sur papier glacé et sous couverture cartonnée

15 euros

ISBN : 9782365778466

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