Pierrick Hardy : Ogre va

Entre noirceur et lumière Pierrick Hardy propose avec L'ogre intact une invitation à sa table grâce à une musique jazz active. Elle prend la forme non seulement de tout ce qui nous entoure mais bien au delà où en deçà : à savoir l'inconsolable du for intérieur dont toute musique digne de ce nom procède.

L'album n'a rien d'une distraction, il se fonde sur l'empilement des connaissances et des images musicales de son auteur. Tout est cadré mais la mise au jour est libérée dans l'exécution par des musiciens qui savent improviser et ne se laissent pas phagocyter par une partition. Sans doute d'ailleurs Hardy les a-t-il choisi à dessein.
Tout ici est ambitieux, conquérant. Le quatuor navigue sur le seuil des possibles. La musique n'est pas tapie uniquement dans l'ombre. Elle n'est pas  fatiguée et remet en question des cadres qui préexistent. Ce qui n'empêche pas de l'écouter effondré dans un canapé pour apprécier ses consolations et ses appels.

Hardy détourne le prisme de certain accents prévisibles, dérobe sa musique à l'audition de rythmes attendus d'allées et venues en de nocturnes traversées vers la lumière. Peu à peu existe là non son attente mais sa boulimie. D'où le titre de cet album  périmètre d'insurrections subtiles. Se décortiquent des errances au nœud d'un tel périple et soulèvement.

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Pierrick Hardy, L'ogre intact, label Emouvance, 2020

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