"Le deuil le plus violent, c'est toujours celui de l'imaginaire" - "Le Voltigeur" de Marc Pondruel

"Mes amis, mes amours, mes emmerdes"
(Charles Aznavour)

La tenation de tout mettre de soi dans un premier roman est toujours la plus grande. Son histoire, ses lectures, ses souvenirs plus ou moins fantasmés. Et quand un homme regarde son passé, c'est le plus souvent avec un peu de nostalgie. Marc Pondruel n'y coupe pas, son Voltigeur est un quarantenaire épris de ce qui fit ses vingt ans... Musique, voyages, amours, toute une vie dans la beauté d'une impossibilité à la revivre autrement que par l'écriture. Une écriture assez bien maîtrisée même si d'un style un peu trop léger parfois. 

L'incontournable madeleine !

Alors qu'il menait une vie réglée, tenant une maison d'hôtes avec sa femme Merve, il suffit d'une boite de cigares et des souvenirs qu'elle contient pour que le narrateur-acteur principal ne puisse que s'épancher et faire revivre ses jeunes années. Le procédé est un peu éculé mais libère tout de même le narrateur du poids de ses secrets jusque là gardés bien enfouis, comme si sa vie recelait quelques mystères qu'il fallait oublier... Mais non, rien de cela, tout juste une jeunesse un peu tumultueuse marquée par des amitiés, voyages, des amours, un peu de drogue, des rêves de jeunesse, commun à toute une génération. A chaque génération. 

La figure tutélaire de Jack Kerouac est appelée par Marc Pondruel pour renforcer la force de ce voyage nostalgique. Mais cela ne suffit pas à en faire un roman différent et bien vite le convenu laisse un arrière-goût plus amère que doux : malgré une volonté de s'emparer avec conviction de tout le passé d'un homme, ce Voltigeur se laisse un peu étouffer par son sujet et peine à prendre son plein essor. 

Loïc Di Stefano

Marc Pondruel, Le Voltigeur, JC Lattès, septembre 2014, 331 pages, 18 eur
Aucun commentaire pour ce contenu.