Le cas Fitzgerald

Dans une accueillante librairie, située sur l'île de Santa-Rosa en Floride, se croisent lecteurs et écrivains dans une belle harmonie. Bruce le libraire organise des signatures, suivies de dîners arrosés qui se terminent souvent à l'aube selon les affinités très personnelles des participants. Autour de la boutique, vit un petit monde d'auteurs plus ou moins célèbres, plus ou moins jeunes, plus ou moins alcooliques. Parmi, eux, une jeune fille, Mercer Mann dont le premier roman a connu un beau succès d'estime mais qui doit accepter un job de prof pour survivre et ne parvient pas à publier de nouveau texte.

Parti de presque rien, le commerçant a, avec sa femme antiquaire, construit une belle fortune. Certes, les antiquités de meubles provençaux rapportent beaucoup plus que les romans mais Bruce a une autre source de revenu : les livres anciens. En amoureux de la littérature, il préfère acquérir les œuvres de façon légale, mais le marché étant ce qu'il est, il déroge parfois à la règle. Surtout quand les manuscrits qu'on lui propose sont inestimables : rien de moins que les originaux des romans de Fitzgerald, récemment volés à l'université de Princeton.
Le FBI enquête afin de retrouver les auteurs du casse, en arrête deux très vite mais ne réussit pas à mettre la main sur les œuvres, assurées à hauteur de 25 millions de dollars. De son côté, Mercer Mann accepte contre une somme importante d'infiltrer le groupe qui gravite autour de la librairie avec en premier lieu, Bruce Cable.

Dans Le cas Fitzgerald, John Grisham, campe un suspens à sa mesure : rythmé, efficace. Fausses pistes et vraies trouvailles se succèdent, mais à la différence de ses précédents romans, il déroule son intrigue dans la société très fermée des bibliophiles. Ses personnages évoluent dans le monde feutré des vieux livres que l'on suit à la trace depuis des lustres, ceux, oubliés au fil du temps qui disparaissent et réapparaissent. Un univers clos dans lequel des boîtes sur mesure sont fabriquées pour chaque trésor, où le code barre d'une bibliothèque peut être effacé, une jaquette refaite.

Dans ce biotope fascinant, la jeune fille va de découverte en découverte, trouve sa place dans ce groupe de lettrés, éprouve un coup de cœur pour le libraire tout en étant rémunérée pour le trahir. Son malaise évident, sa difficulté à exister comme écrivain apportent à ce Cas Fitzerald une dimension qui va beaucoup plus loin qu’une simple énigme policière, aussi habile soit-elle.

 

Brigit Bontour

John Grisham, Le cas Fitzgerald, éditions JC Lattès, mai 2018, 420p. - 23 euros

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