Choses, corps et contre-corps : Jean-Claude Bélégou
Faisant suite aux « Choses » (2005) et aux objets du voyage (in « Visages » en 1990 et « Le voyage Imaginaire » en 1992) « Les Humbles » est la nouvelle série de natures mortes (2015) réalisée à l'intérieur de la maison du photographe. Il capte des objets, précaires, usagés, dérisoires : livres, règles, ciseaux, boîtes, pots, tables, sols, lampes, textiles. Ils jaillissent à la lumière en tant que « sédiments et terreaux d'une vie quotidienne » auxquels se relie notre existence.
De telles photographies mettent l’accent sur l'essentiel : le manque, la perception, l’indifférence, l’attachement qui lient tout être à son lieu. Le photographe crée un relevé. Il n’a rien de mélancolique ou nostalgique mais montre en poésie visuelle comment s’oublie souvent le nécessaire. Chaque pièce collationnée devient un contre-corps qui échappe mais qui permet au quotidien de se poursuivre. Bélégou est donc ici le parfait contraire d’un « ôteur ». Il n’est pas question de mettre à jour une scène primitive mais celle de tous les jours, capiteuse, lumineuse là où les objets semblent pourtant disparaître vers des faubourgs les plus éloignés. De telles images ne seraient-elles pas plus utiles que celles des mythes et leurs vues de l’esprit ?
Jean-Paul Gavard-Perret
Jean Claude Bélégou,
« Les Humbles », voir site du
photographe.
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